[27/08-04] Allez.... c'est parti pour un tour [terminé]

Il trainait un peu les pieds... disons qu'il trouvait toujours quelque chose pour le dévier de son chemin. Un Jesper qui lui demandait son avis sur un cube lumineux bizarre, un McKay qui lui demandait ce qu'il voulait dire dans le troisième paragraphe de la deuxième partie de son rapport sur les cristaux qui ouvraient les trappes, Weir à qui il faisait la conversation pour ne rien dire...
Bref, il avait toujours esquivé le rendez-vous chez le psy. Pourtant, Heightmeyer l'avait croisé à plusieurs reprises "Il faut vraiment que vous veniez..." Comme quoi c'était important et qu'il avait besoin de son accréditation de toute manière pour pouvoir repartir en mission...

Et puis, il y avait l'affaire Mallory, qui occupait une bonne partie de ses pensées. Leur rapprochement étrange, puis la mini guerre froide où ils s'évitaient, puis des retrouvailles, de nouveaux aveux... Et ce jour là, alors qu'il avait pris un thé dans la salle de pause des labos avec Mallory, il avait réalisé qu'il en avait vraiment besoin, et avait avoué à Lory qu'il n'était toujours pas allé voir le psy...

Mais, là, fin d'aprèm, il y était. Et il hésitait à frapper à la porte.

- Rho et puis zut, ce sera fait, basta!

Et il frappa à la porte. Kate se trouvant là lui dit d'entrer. Il ne se fit pas prier. Elle semblait ravie de le voir ENFIN. Oui, il lui avait filé entre les doigts pendant deux semaines. Mais plus maintenant. Il allait en finir avec cette histoire et il pourrait dormir tranquille. Ouais, enfin, on pouvait toujours espérer!
Il s'installa sur une chaise, il ne voulait pas avoir trop l'air d'un patient, sur le canapé...

- Bon, ben... Bref, bonsoir, ça gaze?

Réussir à venir le voir. Double tranchant. "trouver le temps" ou "réussir psychologiquement à pousser cette porte". Sachant que la première option n'était qu'un prétexte et qu'ils le savaient tous les deux, restait la deuxième option. Il ne dit rien pendant quelques instants. Il se contenta de regarder le bureau, la déco, la psy, ses yeux, son carnet. Elle avait vraiment l'air sympa.

- Hum, ça va, ça va. Tout le monde a l'air d'enterrer Evan.

Il s'appuya sur le dossier de sa chaise et croisa les bras. Il était nerveux. Le problème, c'était que de toute manière, il pouvait dire tout et n'importe quoi assez facilement, finalement. Et ce qui lui restait sur le cœur n'allait pas tarder à venir.

- Vous savez, vous êtes la septième psy que je vois. Et j'ai pas franchement aimé les six premiers. Pour ça que j'ai hésité à venir. Enfin, ça et autre chose, bien évidemment. Puisque vous avez lu les dossiers, tout ça. Vous savez que je suis capable de parler sans retenue.

Il désigna sa cicatrice sur son front, comme pour préciser, mais en effet, elle avait lu son dossier. Il pouvait parler sans retenue, mais quand il avait décidé de se taire... Et il n'avait pas envie de mettre Lory sur le tapis. Pourtant, elle faisait partie du problème...

- Comment est-ce que je suis censé faire? Il a disparu, il est quelque part, il n'est pas mort. Et ça me tue de voir ces offrandes, c'est comme si on se résignait, si tôt!

Il était impossible, pour lui de faire le deuil de cette perte, puisqu'il refusait la perte. Et Tim pouvait être buté borné quand il s'y mettait. Pas pour rien qu'il avait déjà vu six psys avant Kate!

Il soupira... Bon, il n'avait pas vu que des psys dans sa vie, loin de là! Mais à présent qu'il était en face de l'une d'entre eux, il se remémorait les autres, immanquablement! Il lui sourit. parce que parler de lui n'était pas tellement un problème au vu de son fonctionnement cérébral... c'était surtout parler des autres qui l'ennuyait.

- J'en ai vu cinq avant... bien avant d'aller en Afghanistan. Et j'ai vu le sixième après, pour m'aider à me remettre.

Il s'avança un peu sur sa chaise et posa les coudes sur les genoux. Il releva la tête pour pouvoir regarder Heightmeyer.

- J'ai vu le premier j'avais cinq ans, l'institutrice me trouvait trop bizarre et rebelle pour être un bon petit garçon ordinaire. Bref, j'emmerdais le monde. J'ai vu le deuxième un peu après. C'est là qu'on a dit que j'étais "précoce" comme on dit parfois. J'ai vu les trois autres au cours de mon enfance et mon adolescence parce que parfois j'étais très en colère et je faisais n'importe quoi. Puis ça m'a passé.

Il se redressa de nouveau et passa à la suite. Parce que oui, il était seul à avoir vu ce qu'il avait vu. C'était lui qui avait retrouvé les affaires d'Evan, qui était, pour ainsi dire, revenu sans lui. Et ce qu'il était censé faire.

- J'en sais rien! Comment je fais avec les autres quand ils se résignent, comment je fais avec... avec Lory. On ne laisse personne derrière. Quand je reviens seul, ça fait quoi? Je suis arrivé trop tard?

Nouveau soupir...

Et elle abordait le côté le plus difficile de sa situation. Il se renfrogna un peu, ne voulant pas causer trop rapidement. Il se passa une main dans les cheveux, se laissant le temps d'organiser ses pensées. Pourquoi Lory en particulier? Parce qu'il en était amoureux. Et parce que la situation avec Lorne n'était pas claire.

- En effet, il n'était plus là, donc y'avait rien d'autre à faire que rentrer. Mais je me dis que si j'étais arrivé plus tôt, peut-être que je l'aurai trouvé... Et il est le meilleur ami de Lory... et... peut-être plus. Lory a perdu la personne la plus importante de sa vie. Et elle sait que...

Il se leva, posa les mains sur le bureau et se pencha, comme pour aller donner ou chercher une confidence... ou une confrontation. Il avait du mal à tenir en place. Rester assez sur cette chaise devenait insupportable alors qu'il n'y était que depuis cinq minutes.

- Vous avez déjà rencontré quelqu'un qui bouleverse tout ce que vous savez et toutes vos habitudes? Hé bien ça, c'est Lory. Je ne sais plus rien. Presque rien. Je ne vois qu'elle. Je ne sais pas comment la réconforter, lui apporter tout le soutient dont elle a besoin alors que je suis amoureux d'elle et qu'elle n'est pas prête pour ça.

Il recula et fit le tour de la chaise, les cent pas. Il était une véritable pile électrique et il avait l'impression que s'il ne partait pas courir dans les couloirs pendant une heure, il finirait par exploser. Mais il prenait sur lui.

- Elle m'a embrassé, lâcha-t-il soudainement. Enfin, je l'ai embrassée. C'était maladroit, pas le moment. Mais je l'ai embrassé. Deux fois. Et depuis c'est encore plus compliqué entre nous, on essaie de recoller les morceaux. Je ne sais pas combien de temps je vais attendre. Mais j'attends, je peux rien faire d'autre. Vous imaginez quelqu'un comme moi en train d'attendre? Ben ça ferait bien rigoler mes potes, tiens!

Finalement il se rassit sur la chaise, conscient d'avoir parlé de ce qu'il voulait éviter...

- Parce que c'est son meilleur ami, voilà pourquoi!

Et que les sentiments entre Evan et Lory n'étaient pas tout à fait clairs, à ce qu'il avait compris, puisque Evan semblait aussi ressentir quelque chose de plus, mais ça...

L'histoire du balcon. Le premier baiser un peu maladroit, le deuxième d'une sensualité folle. Oui, il s'en voulait d'avoir cédé. Cela avait cassé quelque chose, du moins pensait-il.
De nouveau sur sa chaise, il se calma.

- L’ambigüité, je sais pas, je sais pas. Je crois qu'elle a cherché ce baisé, ou en tout cas, elle ne savait plus quoi faire, elle était perdue, peinée, et j'ai cédé... et je ne rêve que de ça, l'embrasser à nouveau, mais... Elle m'a mis mal à l'aise ce jour là et je l'ai mise mal à l'aise aussi, bref on s'est embrouillés. Parce qu'elle n'est pas prête, elle sait pas, je sais pas. Sur le moment je savais de toute manière que ce n'était pas ce qu'il fallait faire, parce qu'on ne profite pas de la vulnérabilité des autres. Elle m'embrassera quand elle en aura vraiment envie... si elle en a envie un jour...

Il se passa de nouveau la main dans ses cheveux courts et soupira.

- Je ne sais pas où je me situe, moi, avec Lory et Evan. Je sais pas quelle place j'ai. Et je ne veux pas qu'il soit mort, parce que c'est son meilleur ami et que c'est l'un d'entre nous. On ne laisse personne derrière. Personne. Y'avait rien à faire, mais je me devais au moins d'essayer. Et je peux être incroyablement têtu quand je m'y mets. Mais je suis revenu avec des fringues vides, il était plus là. Chaque jour, je me dis que peut-être quelqu'un va ouvrir la porte, de l'extérieur, et ce sera lui... et pendant ce temps, les gens déposent des fleurs devant sa porte.

Pour ainsi dire, il avait cessé d'emprunter le couloir qui menait aux quartiers d'Evan. Quitte à faire un détour!

Il parla alors de ce qui s'était passé. Sa vision des choses.
" Et vous pensez donc qu'elle a voulu ce baiser parce qu'elle se sentait perdue? Il n'y a pas d'autres explications pour vous? "
Il aborda le fait de ne pas trouver sa place entre le major et la scientifique.
" Si Evan est le meilleur ami de Lory, pourquoi cherchez-vous votre place? "
Puis on en revint à Evan, le vif du sujet. Il se faisait des reproches et avoua être têtu. Je lui souris et adressais un air amical et compatissant.
" En effet. Vous n'avez laissé personne derrière. Vous avez fait votre devoir, ce qu'il fallait faire. Vous l'auriez ramené s'il avait été dans ses vêtements. Ce n'est pas votre faute. Vous m'entendez? Vous voulez bien répéter ça? "
* méthode Coué? *

Pas d'autre explication... pas d'autre explication. Et les paroles de Lory lui revirent en tête. Si elle ne ressentait rien pour lui... et elle ne peut pas donner ce qu'il attend... maintenant. Elle lui demandait du temps...
Peut-être bien qu'elle l'aimait oui. Mais comment être sûr? Il était peut-être borné à ne pas voir les choses en face, mais...
Il soupira. Si elle l'aimait...

Et puis... qu'avait-elle dit à la psy? Parce qu'elles se voyaient. Lory avait sans doute parlé de l'affaire du balcon. De l'affaire du bisou. De l'affaire de Tim qui s'était déclaré. De Tim qui avait peur et ne savait pas où il se situait. Et si La psy disait ça... est-ce que Lory avait dit quelque chose?

Et les questions de la psy l'agaçaient là. Chercher sa place? Bonne question!

- Ben... parce que Lorne est vraisemblablement un peu plus qu'un ami, quoi. Et que comme il est plus là, je sais pas... rha mais... c'est quoi cette question!

Non ce n'était pas sa faute, il le savait. Il allait péter un câble s'il restait. Comme pour les 6 autres psys! Comme quoi, la série continuait!

- Je sais que c'est pas mal faute! Je veux juste qu'il soit en vie et qu'il revienne! Je veux que Lory retrouve le sourire. je veux que tout le monde aille bien. Et j'en ai marre! Je me sens nul! Je me sens lamentable. J'aime bien Evan, c'est un type super, un mec réglo, un bon leader, et je veux pas qu'il soit mort, mais j'ai l'impression de vouloir qu'il revienne à cause de Mallory plus qu'autre chose, là. C'est pas "je veux qu'il revienne" mais "je veux qu'il revienne pour qu'elle aille mieux" et je me déteste de penser ça! Vous êtes contente?

Il se leva et songea à envoyer valser la chaise à l'autre bout de la pièce... mais se garda bien de le faire...

Il était confus. Très confus. Il ne savait plus quoi penser. Bien entendu, il voulait que le Major revienne, pour le Major lui-même, et pas seulement pour que Lory aille mieux. Mais il était si stressé, si peiné au fond de lui, si amoureux, qu'il avait l'impression que le monde tournait autour de Lory. Il fallait un peu remettre les choses dans la bonne perspective, donc.

La psy lui dit qu'il fallait qu'il aille mieux, lui aussi. Elle n'avait pas tort, il se sentait si mal qu'il n'avait pas envie de rester dans cet état! Mais question le dérouta... Est-ce que les choses seraient plus faciles avec ou sans le major?

- Il fait partie de l'équipe! Nous sommes quatre! Quatre, c'est un carré! Et là, nous ne sommes plus que trois, et trois, c'est pas un carré, c'est un triangle! Et ça change pas mal de choses!

Ouais, pas dit qu'il sonnait comme un mec sain d'esprit, avec ça! Il se passa la main sur la figure.

- Comme n'importe qui, je déteste perdre des gens. J'ai vu assez de morts en Afghanistan. Mais à la différence, on sait qu'ils sont morts. On peut les enterrer ou les incinérer, et faire notre deuil. Là, il n'est pas pas là et il n'est probablement pas mort. Comment on avance, avec ça? On ne sait pas. Et j'ai horreur de pas savoir!

Bon, ça, c'était tout Tim. Vouloir tout savoir, tout comprendre, jusqu'à emmerder ses parents et remettre en cause les préceptes religieux parce que ça ne faisait aucun sens pour lui, dès l'âge de cinq ans. Il aimait savoir, rester dans le flou était stressant. Mais ça n'avait pas été aussi stressant avant l'Afghanistan... du moins, pas à sa connaissance. Mais là, c'était démultiplié par ses sentiments pour Lory.

Dites-vous qu'il est parti, qu'il n'est plus là... vivez pour vous... Facile à dire! ne pas vivre dans un hypothétique espoir... facile à vivre! Mais il avait l'impression d'être le seul à espérer, dans l'histoire! Les autres étaient résignés, et c'était d'un triste! paf il est plus là, fin de l'histoire?

Il se pencha en avant, les coudes sur ses genoux et se mit à pleurer, il n'en pouvait plus. La tête enfouie dans ses mains, il avait l'impression que son cerveau allait exploser. Il aurait aimé que tout soit autrement. Que ses parents aient été moins stricts et obtus, qu'il ait été moins rebelle et obtus...

- Je veux pas perdre espoir... Toute ma vie j'ai été assez isolé, chez moi. J'étais le vilain petit canard à ne pas comprendre ce qu'ils voulaient et à ne pas suivre les règles. J'étais le trublion hyperactif, le rebelle, parfois l'écorché vif, en but contre tout le monde. Je me suis engagé sur un coup de tête. C'était un acte désespéré. Je ne savais plus quoi faire. Je me disais que j'allais y rester, peut-être. Tout était bon pour agacer mes parents et leur faire passer le message: "je suis pas comme vous, vous pouvez pas m'accepter comme ça?" Même avec mes amis, j'étais si seul. Mes petites amies en avaient marre de parler à un extra-terrestre.

Il prit un mouchoir, s'essuya les yeux et se moucha assez bruyamment. Il se redressa sur sa chaise, il avait les yeux tout gonflés, et pleurait encore... bon sang, ça soulageait, d'évacuer la pression!

- Atlantis, c'est le meilleur boulot que j'ai jamais eu. J'adore être ici, il y a tout à découvrir, tout à comprendre, c'est un vrai challenge, c'est intéressant, et l'endroit est superbe en plus de ça, je rencontre plein de gens intéressants, on fait un travail d'enfer. J'ai marché sur une autre planète, quoi! Et j'ai rencontré Lory. Elle me suit dans mes raisonnements, elle n'en a jamais marre. Elle est fascinante. A nous deux, on résout des problèmes, on apprend le tchèque, elle m'apprend l'Ancien. Elle est si... et ce baiser... ce baiser n'a fait que confirmer ce que je ressens pour elle. Confirmer et bien plus... c'était comme avoir un aperçu, une promesse de ce qu'il pouvait y avoir de meilleur... vous comprenez ça? Ma vie a changé quand j'ai signé pour venir ici. Je sais que ça ne fait qu'un mois et demi mais... pourquoi doit-on attendre cent ans avant de réfléchir et de savoir?

Il avait cessé de pleurer. Il se sentait mieux d'avoir posé des mots sur ses émotions, chose qui n'avait jamais été aisé pour lui.

- Je sais que si un jour je me marie, ce sera avec elle, personne d'autre. Je ne rencontrerai plus jamais quelqu'un qui me fasse ressentir ça. Je suis en arrêt sur image, ou presque. Mais je la respecte plus que je ne la désire, et si elle a besoin de trois siècles, ça prendra trois siècles, même si c'est difficile d'attendre. J'ai été quelqu'un qu'on n'a pas attendu, vous savez? Je sais ce que c'est de revenir et de voir que le monde a continué sans moi. Je n'ai pas envie que Lory ressente ça. Je n'ai pas envie qu'Evan ressente ça, quand il reviendra... s'il revient. Il en faut au moins un qui l'attende, qui lui dise qu'on était là, à côté de la porte...

- Je suis resté longtemps là-bas. Puis il y a eu cette mission qui a tourné à l'embuscade, on se faisait mitrailler de toutes part, je suis resté en arrière pour permettre à mes collègues de s'échapper. Enfin bref... Je suis resté longtemps là-bas, et ma petite ne m'a pas attendu, elle a tourné la page avant même que je revienne - vivant ou mort. Quelque part, je peux comprendre, après tout, je n'étais pas facile à vivre et en plus je n'étais pas là...

Il soupira... Il roula des yeux. Il se sentait un peu vidé. Pleurer, ça faisait du bien, ça permettait d'évacuer, mais ça foutait à plat! Il avait envie de dormir pendant douze heures, là! Mais il continua.

- Donc, on était dans une embuscade et je me suis fait mitrailler à mon tour. On m'a ramené à la base j'étais dans un sale état et on ne donnait pas cher de ma peau. Ils pensaient tous que j'allais mourir dans l'heure. Je n'étais pas totalement parti, je veux dire, j'étais inconscient pas totalement. Enfin bref, on m'a opéré, tout ça. Et je m'en suis sorti. Mais j'étais dans le coma, et on se disait qu'il y avait peu de chances que je sois comme avant - bon, là-dessus, ils avaient raison.

Il croisa les bras et regarda le plafond.

- A mon réveil, ma copine m'a dit ce qu'il passait, qu'elle avait quelqu'un, tout, ça. Certains m'ont avoué qu'ils avaient presque préparé le discours pour l'enterrement, d'autres qui ne se faisaient pas à l'idée que je sois un légume dans un hôpital. Bref, merci du cadeau. Mais je m'en suis bien sorti, heureusement. J'ai fait ma rééducation, j'ai vu le sixième psy. J'ai rencontré les gens de SGC. J'ai signé et je suis arrivé ici. Il s'en est passé du temps entre mon réveil et Atlantis, mais voilà. Certains avaient tourné la page, je n'étais qu'un souvenir. Mon père a dit que j'étais un miracle, la preuve dont j'avais besoin pour croire en Dieu.

Il haussa les épaules.

- Ma famille est très, très religieuse. Ils croient Dieu autant que je crois en Einstein, Plank, Hawking et toute la clique. Nous nous sommes toujours accrochés là-dessus. J'ai toujours rejeté la religion, leurs préceptes, leurs bondieuseries. Ils ont toujours rejeté mon athéisme, mon côté mauvaise herbe. Mais au fond, on s'adore. Je veux dire, j'aime ma famille, et elle me manque. C'est juste qu'on ne s'entend pas. Et eux au moins, ils m'ont attendu.

Il se mit à rire.

- Sincèrement, revenir quand la moitié des gens pense que vous êtes mort ou bon pour la casse, y'a mieux, comme réveil. Je peux vous dire que ça en fout un sacré coup. Je sais bien que ça fait partie des risques, quand on est militaire, on a signé pour peut-être se faire sauter une mine durant une mission... mais quand même. Evan, s'il revient, il va voir tous ces gens qui le pensaient mort et qui ont plus ou moins fait leur deuil. Je crois qu'il aimera avoir quelques personnes qui l'attendaient et pensaient le revoir un jour. C'est bon pour le moral.

OK, vivre pour soi semblait être une super idée, mais il n'avait pas le mode d'emploi. Il avait souvent vécu pour lui quand il était seul, quand il était à l'école... enfin, les circonstances étaient différentes. Et il comprenait ce que Heightmeyer voulait dire. Il fit une petite moue et soupira.

Elle lui reparla ensuite de Lory, pour expliquer l'importance de du respect de la patience.

- J'avais mal réagi, au début. Elle m'a dit qu'elle avait besoin de temps. Je crois qu'on s'est enfin un peu compris.

Néanmoins, il était loin de se douter du drame que Lory avait vécu. Il pouvait peut-être deviner des bribes, mais pas jusqu'à savoir ce qu'il s'était passé. Et il devrait laisser le temps faire son œuvre. Quelle que soit la relation qui en découlerait... il avait espoir que son amour trouverait une certaine réciprocité.

Comme il était venu à l'improviste, il avait pris un peu du temps de Kate sans prévenir... et elle avait un entretien. Il se leva... et refusa le rendez-vous.

- Je frapperai à votre porte un de ces quatre...

Il ne voulait pas d'un rendez-vous, ça le mettait mal à l'aise. Il préférait le côté libre et spontané de l'improvisation. Il se dirigea vers la porte puis se retourna.

- Merci.

Et il quitta le bureau. Il avait les yeux encore un peu gonflés, il était fatigué, mais il se sentait bien mieux...