[14/10-04] Juste un thé (Les absences...)

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Ils quittèrent alors la salle d'entrainement. Tim essayait de garder une certaine distance pour ne pas la mettre mal à l'aise... et ne pas se mettre lui-même mal à l'aise. Compliqué! Bref, il restait à deux mètres d'elle, les mains dans les poches, essayant de ne pas penser à toutes les choses auxquelles il pensait quand il s'agissait d'elle.
Il la laissait prendre la direction de leurs appartements. Le thé du mess n'était pas mauvais, mais Lory avait plus de parfums et une qualité supérieure... *heu le thé de Lory.* Peu importait!

Ils ne se dirent pas grand-chose, comme si tout était encore trop maladroit entre eux. Un détour par chez elle - il la laissa entrer seule pour chercher son thé - et ils arrivèrent bientôt au mess.
Ils se cherchèrent deux tasses d'eau chaude et s'installèrent à une table. A cette heure, il n'y avait pas grand-monde, juste quelques personnes qui faisaient une petite pause café...

- Alors... heu... oh, tiens, ça avance, le tchèque?

Une fois posés au mess, l'un en face de l'autre, mugs sur la table. Je cherchais quoi dire. Il parla vaguement du tchèque. Il cherchait à briser la glace. Je tapotais nerveusement le bout des doigts sur mon mug. Je poussais un grand soupir et me jetais à l'eau:
" Je ne pense pas qu'éviter le sujet va nous aider... " d'un trait, d'un seul! J'avais totalement sauté du coq à l'âne, mais il devait certainement comprendre de quoi je parlais. J'en avais parlé avec Kate (Heightmeyer) et elle m'avait conseillée de crever l’abcès pour rebâtir cette relation sur des fondations plus solides.

Alors, je lui demandais timidement, les yeux rivés sur mon mug:
" Tu m'en veux? "

Ha oui, paf, de but en blanc. En effet, autant en parler, mettre cartes sur table, et repartir du bon pied. Bon œil.
Il tapota lui aussi sur le bord de son mug.

- Sur le moment, je me suis senti blessé, je dois avouer. Je ne savais plus quoi penser. Mais... non je t'en veux pas... Je pense pas... c'est pas comme si t'avais voulu que ça arrive comme ça...

Il essayait d'être diplomate et de parler de manière assez neutre. Elle n'avait pas conscience qu'elle le mettait sens dessus-dessous. Enfin, depuis le temps, elle en avait une petite idée. Autant ce n'était pas simple d'être à la place de Lory, autant ce n'était pas forcément plus facile d'être dans ses baskets à lui.

- Et toi... tu m'en veux?

Il était soulagé d'entendre Lory dire qu'il avait bien agi. Il soupira intérieurement. En fait, ils ne s'en voulaient pas, et c'était plutôt un bon départ. Il sourit. Il savait bien qu'elle n'avait pas voulu le blesser. Il acquiesça en silence.

Ils serraient leurs mugs comme pour ne pas tenir autre chose. c'était vraiment une drôle de situation, d'autant plus qu'elle lui disait qu'elle tenait vraiment à lui et qu'elle rougissait. Songeait-elle à ces baisers? Etaient-ils coupables de ce rose vif sur ses joues?

-... Je sais.

S'il lui disait qu'il tenait à elle, il aurait l'impression d'insister alors qu'il lui avait avoué son amour, déjà avant leur mission, et trois jours plus tôt aussi. Il ne pouvait pas lui répéter, ça ferait trop. Elle n'en était pas encore là, et puis elle le savait. Il était totalement conquis.

- C'est si étrange, désormais. Je ne sais plus quoi dire. Vraiment. Et moi, ne pas savoir quoi dire?... En fait, je sais certainement quoi dire, mais je ne sais pas comment le dire. A chaque mot que je pense, j'ai peur de te blesser ou te faire fuir.

Je pliais le bras, ramenais des mèches de cheveux derrière mon oreille de la main gauche, puis mis le poing sous ma mâchoire et penchais légèrement la tête. De la main droite, je mélangeais mon thé. Je restais donc silencieuse quelques instants. J'essayais de penser à autre chose qu'à l'enivrante - et inédite - sensation que m'avaient apportée ses baisers. Et puis, il y avait autre chose...
" C'est la date d'anniversaire de mon père... ça fait beaucoup de choses pour une seule semaine... " dis-je d'un ton morne sans quitter ma tasse des yeux.

Je posais ma cuillère et me redressais pour boire mon thé, quand je sentis une petite douleur - mais bien gênant - au cuir chevelu. Mon bracelet s'était accroché dans mes cheveux. J'avais du accrocher une mèche en mettant mes cheveux derrière mon oreille un peu plus tôt.
" Oh mince! J'aurais pas du détacher mes cheveux... "
J'essayais de me libérer, mais je ne voyais pas ce que je faisais...
" ... c'était idiot! Me voilà bien, tiens! "
Je n'étais pas du genre à m'énerver pour si peu, mais ce n'était pas ma semaine et un rien m’irritait. En plus, c'était LE bracelet, celui qu'Evan m'avait offert la veille du "Grand Départ" pour Atlantis, en pensant qu'on ne se reverrait pas. Un cadeau d'adieu fait avec un peu d'avance...

Ha ben, c'était la semaine qui tue. Quand on pensait que c'était assez pour une seule journée, une seule semaine ou une seule vie, d'autres éléments venaient alourdir encore le fardeau. Dur de garder la tête hors de l'eau. Mais hélas, la vie et ses aléas étaient bien trop hasardeux pour pouvoir le prévoir.

Il hocha la tête en silence pour lui dire qu'il comprenait... et elle avait une posture pensive tout à fait adorable... en fait, il trouvait tout adorable chez elle, et c'était bien le problème. Sans s'en rendre compte, il avait pris la même posture, tel un miroir, le coude sur la table, le menton sur la main. Il pourrait l'observer pendant des heures sans s'ennuyer un seul instant...

Et puis... et puis son bracelet se prit dans ses cheveux... Et Lory ne parvenait pas à s'en défaire. Tim se leva, contourna la table.

- Attends...

Et arriva derrière elle. Il lui prit la main, et détacha la mèche qui avait eu l'air de vouloir s'accrocher au bracelet comme si sa vie en dépendait...
Lory avait les cheveux très doux... et sa peau... ha! Il aurait aimé goûter cette peau! Peut-être qu'il fit durer l'opération de sauvetage d'une micro-seconde supplémentaire... Les mèches filaient entre ses doigts, et il lâcha la main de Lory...

Incroyable ce qu'un instant aussi anodin que celui-là pouvait contenir de sensualité... Il pensait trop à elle... Et elle était inaccessible... pour le moment. Et peut-être même, pour son plus grand malheur, à jamais...

Tim avait adopté la même position que moi sans que je ne le remarque.

Quand je galérais avec mon bracelet et mes cheveux, Tim vint m'aider à me libérer. Il prit ma main. La chaleur de ce contact... Pas juste une chaleur physique liée à la température de sa main, mais aussi - et peut-être même plus - un geste chaleureux, un geste réconfortant.
" Je l'accroche toujours partout, c'est dommage... " dis-je alors à propos du bracelet, pendant que Tim était en train de libérer mes cheveux. Il devait donc se demander pourquoi je ne le quittais pas...

Puis il lâcha ma main et finit de libérer mes cheveux. La main gauche libérée, je rattrapais sa main, sans me retourner, et la posais sur mon épaule gauche - donc sur ma peau puisque j'étais en débardeur - tout en la maintenant. Je fermais un instant les yeux. Je restais ainsi peut-être 4 ou 5 secondes. Tim devait se demander ce que je faisais, peut-être quelque chose qui se faisait à Kelowna et qu'il ne comprenait pas...

En fait, j'avais envie de prendre son autre main et de l'attirer à moi, mais je m'en gardais bien. J'avais besoin de temps pour y voir clair. Pour Kate, c'était clair. Aussi, essayait-elle de me pousser à voir ce qu'elle avait compris...

Quand on tenait à un objet, peut importait qu'il soit un tantinet agaçant ou pas pratique, on le gardait. Elle devait tenir à son bracelet, et c'était tout. Et il n'alla pas chercher plus loin. En revanche, qu'elle retienne sa main et la pose sur épaule, là, ça lui parlait beaucoup plus. Ils avaient besoin de ce contact. C'était qu'il traduisait dans ce geste simple. Elle avait besoin de lui. Ils avaient besoin l'un de l'autre.

Il plaça son autre main sur l'autre épaule. Il n'aurait peut-être pas dû. Peut-être n'était-ce qu'un geste de réconfort pour elle. Pour lui, il prenait d'autres significations. Elle avait la peau chaude et douce.
Il se pencha et l'enlaça doucement. Ce n'était pas juste un désir, ni rien qu'une envie, c'était un besoin. Il n'aurait peut-être pas dû. Seconde après seconde, ces instants lui volaient presque son individualité. Ses pensées étaient envahies. Sa vie avait pris un tournant inattendu.

- Tu m'as manquée.

Et les jours qui suivaient risquaient d'être encore plus difficiles à supporter.

Alors Tim fit ce que je n'osais faire, de peur d'une mauvaise interprétation de sa part. Mais ça, là, c'était... Il me dit que je lui avais manquée. J'éclatais en sanglots, mais pas dans le sens négatif - même s'il ne pouvait pas le deviner - c'était plutôt les sanglots qu'il fallait. Exploser un bon coup pour enfin soulager la douleur, avant de pouvoir tourner la page. Je tenais ses bras autour de moi, fermement. Au bout de quelques secondes, étant gênée d'être dans un lieu aussi ouvert aux autres, alors que j'étais en larmes, je lui dis:
" Je... je peux pas rester ici... pas comme ça. Je ferais mieux de retourner à mes quartiers... "
Je ne voulais pas qu'il pense que je cherchais encore à m'enfuir...
" Tu veux venir avec moi? "
... ou à le tenter...
" J'aimerais qu'on discute... Je ne ferai rien pour te gêner... c'est promis. "
Je promis donc d'être sage, même si c'était peut-être un peu à contre-cœur.

[HJ: suite dans les quartiers de Lory?]

C'était peut-être la pression qui retombait... elle fondit en larme et s'accrocha à lui. Il voulait être là pour elle, la réconforter, la voir sourire. Son sourire était d'ordinaire si... ce sourire le réchauffait, lui faisait battre le cœur.
A un moment, il cru qu'elle allait reculer, s'enfuir de nouveau, mais elle l'invita.

Il en était presque au stade "où tu iras j'irai" mais ce n'était pas le moment de dire un truc pareil - en plus de sonner incroyablement tarte!

- Je te suis...

Ils avaient besoin de parler, oui... dire quoi, il e le savait pas encore. Mais ils avaient des choses à ce dire, certainement. Sur leur situation, sur les autres, sur eux-mêmes, la vie et le reste, le tchèque, les amis, ceux laissés derrière...
Elle ne ferait rien pour le gêner... c'était gentil mais trop tard. Il s'y ferait, il n'avait pas tellement le choix.

Ils quittèrent donc le mess... en emportant leurs tasses de thé qu'ils n'avaient qu'à peine entamées...


[suite dans tes quartiers, ouais.]