[13/09/04] confessions

Voilà donc quatre jours que j'étais avec Tim. C'était peu, certes, mais c'était aussi bien différent d'avec Evan. Je me sentais plus proche de Tim, et aussi plus sensible en sa présence. J'avais l'impression que quelque chose émanait de lui, quelque chose qui me poussait vers lui. Suite à mon agression, je me forçais à garder une certaine distance, mais j'y tenais de moins en moins. Mes barrières devenaient plus fragiles. J'avais envie de me blottir contre lui, et de passer du temps à l'embrasser. Cela ne me ressemblait pas. Et je trouvais que c'était rapide. Pourquoi étais-je ainsi? Qu'est-ce qui m'arrivait?

Peu avant la pause de midi, on frappa à ma porte. Biensûr, c'était Tim. Aussi, avant que nous allions déjeuner, je lui dis que j'avais besoin de lui parler. J'étais visiblement gênée, tracassée. Je restais debout devant lui, baisant un peu le regard. Je restais silencieuse un petit moment, puis vins appuyer ma tête sur son épaule.
" Serre-moi contre toi... "
C'était libérateur... enivrant, tellement bon. Je pouvais me détendre... Je lâchai un soupir.

Puis, en restant là, dans ses bras, je lui avouai:
" C'est bizarre ce qui m'arrive. Je ne me suis jamais sentie comme ça, avec qui que ce soit... Je me suis fait des barrières, pour me protéger... et quand tu es là, j'ai envie de les laisser tomber... Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais c'est perturbant... et je suis bien là... "
* dans tes bras *
Nouveau soupir.

Je relevai un peu la tête, plongeant mon regard dans le sien.
" En fait, j'ai autant envie de tes bras que de tes lèvres... et pourtant, j'ai l'impression que c'est mal, que je ne devrais pas, que c'est une attitude provocante... Tu comprends?... Pourtant, je sais que tu n'en abuseras pas. J'ai confiance en toi... "
En terminant cette phrase, je regardais tantôt ses yeux tantôt ses lèvres. Je me rapprochai de ces dernières, et finis par m'en emparer. Je l'embrassai alors avec un peu plus de sensualité que les autres jours, en m'attardant sur le goût et la caresse de ses lèvres.

Et je continuais. Mes baisers devinrent plus sensuels. Je me sentais comme emportée dans un tourbillon. Je passais mes mains à l'arrière de sa tête. Je ne voulais pas que cela cesse. C'était bon, et ça l'était de plus en plus à chaque baiser. Chaque fois, j'avais envie de plus. Sans que j'en ai conscience, mon corps accélérait sa production de phéromones. De quoi perturber n'importe quel homme raisonnable. Je commençais à avoir chaud, à ressentir quelque chose que je n'avais encore jamais ressenti... du désir.

Quatre jours. Six qu'il avait une attèle pour son épaule. Ça lui faisait toujours mal, mais un peu moins. Faut dire... quatre jours. Lory et lui. Et ça s'annonçait bien. Ils se voyaient en toute discrétion, n'ayant pas dit qu'ils se fréquentaient à qui que ce soit, même leurs meilleurs amis, pour le moment. Ils préféraient garder une forme de secret, de silence. Et comme il n'était pas prêt de repartir en expédition avec sa blessure, il avait un peu de temps, mais il faudrait bientôt le dire à la hiérarchie. Mesure de précaution.

Quand ils se voyaient, ils partageaient des moments assez tendres, mais Lory gardait une certaine distance. Et pour une raison qui lui échappait, plus elle se blottissait dans ses bras, plus il avait envie de l'explorer, de la dévêtir. Peut-être pour ça qu'elle l'évitait un peu? Il savait se tenir, bien évidemment, mais c'était perturbant.

Ce midi là, il alla voir Lory, comme d'habitude. Avant le déjeuner, pour éviter les curieux et autres collègues qui allaient et venaient pour se sustenter. Elle avait l'air un peu tracassée, il ne savait pas trop pourquoi. Est-ce que ça allait trop vite? Peut-être. Est-ce que finalement, ce n'était pas ce qu'elle cherchait? Il espérait que non!

Il la serra contre lui de son bras valide, comme elle le demandait. Son esprit passa du "elle n'a pas l'air dans son assiette" à "j'ai envie d'elle" sans qu'il ne comprenne pourquoi il zappait comme ça. Cela ne lui ressemblait pas.

Et elle lui expliqua ses ressentis. Cela lui parut bizarre, parce qu'il avait les mêmes! Mais pourquoi? C'était vraiment bien étrange.

- Tu sais... il n'y a rien de mal à ça... Ce n'est pas provocant. Tant qu'on se respecte, c'est bon, non?

Avec son passé, ce n'était pas lui qui allait lui jeter la pierre! Et à peine cette phrase sortie de sa bouche que Lory le força à se taire, d'une belle manière. Il lui rendit son baiser. Les autres aussi. C'était sensuel... et plus que ça. Son esprit déraillait totalement. Sa main gauche (de son bras non valide, donc), se posa sur le flanc de Lory. Elle ne pouvait pas aller ailleurs vu le peu de mobilité que son attèle lui laissait. Mais la main droite descendit dans le dos jusqu'au creux des reins... Envie d'aller voir plus bas, mais restons raisonnable, même si c'était difficile

Il ressentait lui aussi ce désir, qui se faisait de plus en plus présent dans sa tête. Ses veines battaient plus fort, son cœur semblait vouloir sortir de son corps. Il se mit à caresser son dos, dans de lentes allées et venues, montées et descentes, pile au bon endroit. Il faudrait qu'il s'arrête, qu'il se détache d'elle, qu'il se prenne un seau d'eau froide sur la tête et aille déjeuner. Mais là, c'était juste... trop bon.

Ses caresses dans mon dos, ses va-et-vient, c'était si bon que ça me donnait seulement envie qu'il descende encore, plus bas... entre mes cuisses...
* Non! *
J'eus un petit mouvement de recul, et lui dis:
" C'est très perturbant... ma raison me crie "non", alors que mon corps me crie tout le contraire... "
J'en avais les larmes aux yeux, tant ma raison était en contradiction avec le reste de mes pensées. Je posai mon front contre son torse, faisant de gros efforts pour tenter de me calmer.

Il en avait de plus en plus en vie... Et Lory s'arrêta. Mouvement de recul. Il redescendit progressivement sur terre. Quelle étrange sensation. Lory s'expliqua. Ainsi, son corps et sa raison étaient en guerre. Il avait la même sensation... sauf que sa raison avait vachement du mal à gagner la partie!

- Je crois que c'est la même chose pour moi... Je sais pas pourquoi. D'ordinaire, ça me fait pas ça, mais quand je suis dans tes bras... ben j'ai plus qu'une chose en tête.

Il relâcha son étreinte et s'assit au bord du bureau. Son coeur reprit doucement un rythme normal. Ses pensées se firent un peu plus claires. Lory dégageait quelque chose qui le rendait dingue, visiblement. C'était naturel de penser ça quand on savait qu'elle n'était pas humaine. Mais ça lui semblait un peu gros quand même. Il était peut-être tout simplement en manque. Ou bien il l'avait tellement attendue qu'il voulait aller plus loin. Après tout, il avait pris une balle dans la tête, peut-être que ça avait modifier son comportement sur ce plan là aussi.

- Faudrait peut-être attendre un peu voir si ça passe?

Il voulait la reprendre dans ses bras. Cette sensation était tellement agréable, enivrante... c'était dur de dire non!

Moi dans ses bras, il n'avait plus qu'une chose en tête. Je baissai les yeux et en rougis. Il s'éloigna et s'appuya au bord du bureau. Je devais retrouver mes esprits. Il parla d'attendre, pour voir si ça allait passer. Je relevai les yeux et regardai Tim, tout en gardant la distance qu'il avait mis entre nous.

" Je pense que c'est une bonne idée... Je ne me sens pas dans mon état normal depuis quelques jours. C'est peut-être juste temporaire. C'est peut-être lié à ma marque... "

Il avait eu l'occasion de la voir brièvement, et je lui avais dit qu'elle n'était pas toujours là. Et puis, lors d'une étreinte avec Evan, je m'étais rendue compte qu'il me faisait aussi un certain effet s'il y touchait. Et ce souvenir me confortait dans cette hypothèse: mon état était lié à cette marque, ou vis-et-versa.

" Elle devrait disparaître d'un jour à l'autre... ça devrait aller mieux ensuite... enfin, on verra si c'est à cause de ça ou pas... "

Cette fameuse marque.. enfin fameuse... seulement pour eux deux! En effet, elle lui avait qu'elle allait et venait et disparaissait au bout d'une dizaine de jours. Donc, ils pouvaient attendre quelques jours et voir...

Et si ça passait pas? Nan mais ça devrait passer. Avant cette marque, Lory n'était pas dans cet état. Mais elle n'était pas non plus dans une meilleure disposition à cause de lui et de la disparition d'Evan. Difficile de juger!

- C'est bien possible. Je me suis aussi demandé si la balle dans ma tête n'avait pas aussi un rôle à jouer dans mon comportement. Après tout, je ne suis plus le même depuis cette balle. Et je dois encore m'ajuster, et je découvre régulièrement des choses...

Il se gratta la bas de la tête pensivement. Pas évident tout ça! Il la regarda en se mordillant la lèvre inférieure.

- Ça veut dire pas de contact pendant quatre jours... Ça va être dur!

Je lui souris. Où allait-il chercher ces quatre jours.
" Non, demain ou après-demain, elle devrait disparaître! Elle a déjà commencé à s'éclaircir... "

Et puis, nous allâmes manger. C'était une bonne excuse pour garder nos distances. Nous partageâmes aussi un thé, après notre journée de travail, mais au mess. On donnait le change auprès des autres, et on restait distants. Le soir, nous évitâmes de nous attarder ensemble dans les quartiers de l'un ou de l'autre. Quelques petits baisers échangés, et nous nous souhaitâmes bonne nuit. Par chance, Gwen voulait me voir. ça aidait!