[16/07/2004] premiers jours dans la cité

Contacté quelques deux semaines plus tôt, pour lui dire qu'il pouvait avoir un autre avenir dans un truc plus ou moins militaire et que ses compétences en mécaniques pouvaient être très utiles, il n'avait pas hésité longtemps, d'autant plus que sa petite amie avait trouvé l'excellente idée de le plaquer à ce moment là. Bref, sur le coup, il ne voyait pas ce qui pouvait le retenir. En plus, c'était top secret. C'était donc forcément intéressant. Une fois le contrat de non-divulgation signé et son badge d'autorisation obtenu, il avait pris conscience de l'ampleur du projet.

Totalement énorme.

Bref, il était là, avec les autres, dans une autre galaxie. Il ne connaissait quasiment personne. Il avait bien entendu fait ami-ami avec le docteur Beckett, et ils avaient parlé de l'Ecosse et du meilleur whiskey pendant des heures.
Et à présent, il était dans un couloir marchant tranquillement, pensant à mille choses pendant qu'il observait l'architecture du bâtiment, et sachant qu'il avait le gène alteran, découvert une semaine plus tôt lors des préparatifs, il lui arrivait parfois de rigoler dans le vide...

Tiens, une chute. La femme pas loin de lui semblait avoir choisi la chambre à côté de la sienne. En tout cas, elle avait choisi cette porte là pour se casser la figure avec ses caisses.

Et soudainement, il chanta, selon la vieille et célèbre chanson:

- I GOT THE POWEEER!

Puis il alla voir si la femme allait bien, vu qu'elle ne se relevait pas. Il s'aperçut qu'elle avait le pied coincé. Il parla alors d'une voix assez neutre, comme s'il lisait une recette de pâte à crêpe tout haut.

- Ha, ben ça doit pas être pratique.

Il défit le lacet et le dégagea de la roue.

- Parfois on se dit vive le velcro, hein.

Il se releva et regarda les murs. C'était tout nouveau pour lui, toutes ces matières, toute cette technologie, et il avait beaucoup à apprendre sur les moyens employés par le CIS et ses nouveaux collègues. Becket lui avait dit qu'on ne maitrisait pas vraiment les technologies des anciens, par manque de connaissance, et il avait peur de son propre gène alteran. Alors que Tim, lui, s'en amusait comme un petit fou, à faire fonctionner des trucs rien qu'en les touchant, c'était rigolo.

- Et là, je me dis qu'on pourrait faire un base-ball avec cette technologie et ça doit être bieeeeeen fun! Pas toi?

Il avait quelques problèmes avec le vouvoiement et l'adresse en général. (Enfin en anglais, c'est You, alors...) Et enfin, il lui tendit la main.

- Tim Creegan.

Et un sourire.
Oui, Tim était un peu, disons... déphasé. On pouvait voir d'ailleurs une fine marque sur le côté gauche de son front. Cicatrice. Une balle. Elle avait bien failli le tuer, celle là. Elle n'avait fait qu'effacer son sens de l'inhibition...
Et encore, les gens d'ici n'avaient rien vu... contrairement à ses proches et aux employés de l'hôpital où il avait fait sa convalescence. Son kiné en était presque resté traumatisé, d'ailleurs...

Elle ne comprit pas son intervention sur le base-ball... faut dire, il avait sorti ça de derrière les fagots, et il fallait savoir qu'il causait du gène alteran... Il lui sourit et précisa alors:

- Je me suis dit qu'une partie de base-ball avec des balles de technologie anciennes, activées par le gène, ça devait être bien sympa, un peu comme... comme une partie de Quidditch, en fait.

Mais vu ce qu'elle lui avait dit, il comprit qu'elle n'était pas terrienne. Donc, Harry Potter, elle ne devait certainement pas connaître... à moins qu'elle les ait lus quand même... enfin bref!
Après quoi il se présenta de manière très succincte.

- Enchanté, Lory.

Lui-même n'aimant pas Isaac, il se faisait appeler Tim, son second prénom. Mais ça aurait fait bizarre de dire "je m'appelle Isaac Creegan, mais appelez-moi Tim." Enfin, pas qu'il y pense de toute manière. Isaac, c'était limite un nom proscrit!

Il regarda en direction des appartements. Il y en avait certainement déjà occupés, mais pas tous.

- Je crois que ceux là sont encore libres. Je n'ai vu personne y entrer tout à l'heure. La vue est chouette. C'est cool un balcon, on peut voir comment sont faits les murs extérieurs et c'est très intéressant pour comprendre comment la cité fonctionne.

Lui et sa manie de tout regarder en vue de tout bricoler... il serait capable de transformer sa chambre en forteresse mécanique façon steampunk! Tout à fait dans son genre! Et si en plus il parvenait à bricoler la technologie des anciens, bien ça promettait!

Il était vrai qu'ils avaient le même uniforme. Elle était donc scientifique elle aussi.

- Je suis astrophysicien, mais je bidouille un peu tout ce que je trouve... hum, on se dit tu? Les vous m'ennuient passablement. Et toi, quelle est ta spécialité?

Et il reprit sa route pour ouvrir la porte en face de lui, trainant sa caisse à roulettes pleine de bric à brac et de clés à molette.
La pièce était inoccupée, bien. Et il y avait une grande fenêtre avec un peu de chance se serait pas trop compliqué d'arriver au balcon qui était à proximité de leurs appartements! Bien bien bien.

- Hé, on pourra communiquer de fenêtre à balcon avec des pots de yaourts!

Elle avait lu Harry Potter, c'était donc cool, ils avaient une base en commun pour parler autour du thé, par exemple. Hum, et que penses-tu de l'effet miroir et du bestiaire, n'y a-t-il pas une référence à Tod Browning dans... ouais en fait, elle risquait de ne pas piger. Trop de références terriennes ne servaient à rien. Mais ça n'empêchait pas de parler de psychanalyse!
Ils parlèrent des appartements et de leurs spécialités.

- Wah, polyvalente, mais c'est génial, on va pouvoir élaborer de grandes théories et les mettre en pratique!

Puis ils se séparèrent au niveau de leurs portes respectives.

- B'soir!

Il entra dans la chambre qu'il s'était octroyée, tirant sa caisse derrière lui. C'était pas mal, et ça avait dû être les chambres des membres de la cité quelques milliers d'années auparavant. En tout cas, c'était bien conservé.
Il fit le tour de la pièce, regarda les murs, les portes, le relief, les gonds, les mécanismes d'ouverture, de fermeture, les angles, et réfléchit au meilleur moyen d'agencer la pièce pour qu'il ait le plus de place possible pour son bric-à-brac...

***

[17/07/2004]

Le lendemain matin, il se leva autour de 6h, prit une douche rapide et revêtit une tenue de sport. Il était partant pour un p'tit footing tout en explorant la cité. Ce pourquoi il avait quand même une lampe et un appareil photo dans un sac banane...
T-shirt sans manches, bermuda léger, et baskets... Il ouvrit la porte de sa chambre et se retrouva dans le couloir.

Il avait gardé quelques habitudes de l'armée, comme faire de l'exercice et garder une bonne condition physique. Il s'était bien remis de sa convalescence, et son docteur lui avait dit qu'il pouvait faire du sport, et que le mieux serait la natation, mais bon, hein, is n'avaient pas encore trouvé de piscine ici, et pas question de plonger dans l'océan... enfin, pas maintenant, parce que Tim serait totalement capable de se taper un saut de l'ange direction les profondeurs...

La porte de sa chambre se referme derrière lui. Il commença par s'étirer un peu. Quelques articulations craquèrent...

*Oh, tiens, et si je proposais à Lory de venir courir, ça lui ferait plaisir, sans doute, de partir en exploration...*

Ce pourquoi, tout connement, il frappa à la porte de Lory...

La voix de Lory lui parvint... mais de derrière! Elle n'était donc pas en train de dormir dans sa chambre. En fait, elle ne faisait rien dans sa chambre: elle n'y était pas. Il se tourna vers elle et remarqua qu'elle était en uniforme. Elle avait sans doute été de quart la nuit passée!

- Salut, ouais, en effet!

Elle remarqua qu'il était devant sa porte à elle, et en déduisit qu'il voulait la voir. Il lui sourit et fit un pas vers elle.

- Ouèp, je me suis dit que ça te dirait peut-être de faire un jogging-explo de la cité. J'ai une lampe et un appareil photo. On trouvera certainement des choses intéressantes vu qu'il y a tout à découvrir.

Il avait un peu l'air d'un gosse enthousiaste à l'idée d'aller chercher ses chocolats de Pâques cachés dans le jardin!
Lory rentra chez elle et revint peu de temps après avec sa caméra.

- On va courir un peu, hein.

Déjà il sautillait sur place. Il pouvait avoir un côté pile électrique. C'était un truc que ses contusions cérébrales n'avaient pas estompé, loin de là. Avec son absence de sentiment de honte et sa capacité à pouvoir potentiellement faire tout et n'importe quoi, il pouvait être difficile à suivre... ou à supporter!

- Allez, on y va....

Il prit son appareil photo et shoota Lory devant sa porte, caméra en main.

- Explo, jour 1!

Un jogging explo!
" En voilà une bonne idée!... Par contre, je vais te demander de m'attendre quelques petits instants, le temps que je me change... parce que je ne vais pas aller courir comme ça. " dis-je en désignant mon uniforme.

J'entrais donc dans mes quartiers et laissais Tim patienter devant la porte restée ouverte. Tim pouvait remarquer que j'avais déjà ben organiser mon espace et que j'avais quantité de livres... Dans la petite salle de bain de mes quartiers, je me changeais rapidement. Je réapparus dans le champs de vision de Tim avec un petit short beige, un t-shirt blanc près du corps, et des baskets. Au passage, je pris mon caméscope, une lampe de poche (au cas où) et mis une bouteille d'eau dans une sacoche que je portais en bandoulière. Et comme la consigne donnée la veille l'exigeait, je replaçais mon oreillette de communication radio, à mon oreille. Je m'approchais de la porte pour rejoindre Tim qui avait l'air bien impatient de partir à l'aventure.

Avant de partir, Tim prit une photo de moi, sans prévenir, devant la porte de mes quartiers.
" OK, on y va! "

Dès les premiers pas de jogging, j'adaptais mon rythme à celui de Tim. J'eus l'impression qu'il n'avait pas fait de sport pendant un moment. Je préférais ralentir discrètement mon rythme, et faire aucune réflexion à ce propos, pour ne pas mettre mal à l'aise mon "nouvel ami".

Après avoir quitté la zone des quartiers, et encore quelques minutes de jogging, nous arrivâmes au bord d'une pièce sombre, j'y entrais avec ma lampe. Puis, à l'instant où Tim entra dans la pièce, tout s'illumina.
" Tu dois déjà avoir un bon niveau avec ton gène ancien... parce que tout redémarre sans que tu ne touches à quoi que ce soit! "
J'éteignais alors ma lampe.
" Je n'ai pas le gène... J'espère que les recherches sur la génothérapie du Docteur Beckett donneront bientôt des résultats... Je lui ai déjà dit que j'étais volontaire pour les tests. "

Oui, il ne courrait pas bien vite. En même temps, un jogging, c'est pas un sprint, et cela ne faisait que quelques mois à peine qu'il était sorti de l'hôpital, et quelques semaines qu'il en avait fini avec la kiné. Il était pour ainsi dire un homme tout neuf dans un endroit presque vierge. C'était presque coordonné, quoi!

Lory, en revanche, semblait avoir une excellente constitution, elle avait démarré avec une bonne vitesse et finit par l'adapter au sien.

- Merci. Je dois pas allez trop vite, cela ne fait pas longtemps que je m'y suis remis.

Il préféra expliquer directement, donnant quelques précisions, pour qu'elle comprenne sa situation. Et en même temps, il n'avait aucune gêne à en parler. En fait, il n'avait aucun gêne pour quasiment tout. bref!

- J'ai gardé des séquelles de mon dernier combat en Afghanistan. J'étais militaire. Je suis de nouveau civil. J'ai quitté l'hôpital il y a peu et donc, je dois y aller doucement au début...

Puis au démarrage, il se sentait un peu rouillé. Son dos avait du mal à bien se réveiller, mais après minutes, ça allait vachement mieux et son pas se fit beaucoup plus naturel. Ce n'était pas douloureux, c'était juste une petite gêne. Et s'il avait été vraiment en mauvais état, il ne serait pas là.

Ils arrivèrent bientôt à une salle... qui s'alluma dès qu'il posa le pied au sol, de l'autre côté de la "frontière" avec le couloir.

- Ouah. J'adore le principe, mais heureusement que y'a pas ça dans les chambres, hein, t'imagines pour éteindre la lumière?

Il se mit à rigoler doucement en regardant autour de lui tout en écoutant Mallory qui parlait du gène et des recherches de Carson.

- Cela pourra être intéressant, on pourra tous faire fonctionner tous ces trucs... Carson m'a dit que ça risquait de prendre du temps, mais il travaille beaucoup dessus.

Il imita alors Carson avec sa timidité et son accent écossais:

- Je pense qu'on pourra essayer les premiers tests dans quelques semaines.

Il leva la tête. Tout était illuminé, et maintenant, il fallait bien comprendre comment et voir ce qu'on pouvait tirer de cette pièce...

Elle semblait un peu s'inquiéter de son état. Lui prenait les choses assez bien finalement. Il avait fait la connerie de s'engager, il assumait. La rééducation avait été un peu douloureuse au début, le réveil aussi. Il avait bien failli y passer, en fait.

- J'ai quelques séquelles, que je garderai à vie. Physiquement ça va très bien, globalement. Je peux tenir la distance, sinon je ne serais pas ici. Ce qui m'a empêché de rester militaire de métier, c'est le ciboulot.

Il donna deux petits coups sur sa tempe avec son index.

- Disons, pour faire simple... que tu risques de me trouver un peu trop direct et franc, et capable de faire un peu n'importe quoi, juste parce que ça me semble être un truc bien à faire sur le moment... A part ça... T'en fais pas, je me retiens.

Il n'était pas complètement allumé non plus. S'il n'avait plus de sentiments de limites, il était éduqué et avait toujours le reste de son cerveau pour lui dire que ce n'est pas le truc à faire, justement! Mais bon... les autres penseraient certainement qu'il aime prendre des risques un peu inutiles!

Ils passèrent au gène alteran, puisque cette salle fonctionnait avec ce gène. Tim était impatient d'en savoir plus et faire des expériences avec ça. Carson était en train de travailler sur une thérapie génique pour que toute la base puisse obtenir ce gène. Alors Tim l'imita. Il aimait bien parfois imiter les autres. Enfin surtout depuis son réveil.

- Il est écossais, comme... ma famille, on va dire, dans une moindre mesure. C'est mon grand-père qui a quitté l'Ecosse avec femme et enfants pour aller aux USA.

Diable, il devenait bavard. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes. D'ordinaire, il restait silencieux à observer et tout trifouiller. Mais là, il parlait, parlait!

- J'avoue, je vais peut-être apprendre le tchèque pour causer avec Zelenka. Il parait que c'est une langue très difficile comparé aux langues européennes.

Ce pourquoi il choisissait le tchèque et pas l'espagnol. Enfin bref... Ils se mirent à examiner la salle. Tim mitrailla l'endroit avec son petit appareil, tout en regardant les détails qui semblaient intéressant, et Lory semblait en faire de même.

Il se rapprocha des murs et effleura de la main une partie en relief, qui s'alluma illico. Il leva un sourcil et eut un petit sourire. Il examinerait cette boite, pour sûr!
Mais un cri et un bruit de... glace brisée le fit se retourner.
Plus de Lory. Et à la place, une brèche béante dans le plancher, comme si... comme si le boitié avait ouvert une soute dans le sol!

- Lory! Lory?

Il s'avaça avec prudence et remarque que c'était vraiment l'hiver ici, comme en Nouvelle Zélande, à peu près. En vachement froid, vu que la salle se trouvait au-dessus de l'eau, à environ un mètre, et que la surface était gelée. Mais la chute de Lory avait brisé la glace.

Il fronça les sourcils... Et merde! Avec la surprise, le choc, la chute, la température de l'eau... Puis Elle n'était toujours pas revenue à la surface!
Il lâcha sa caméra, et sauta dans l'eau, sachant très bien que le plongeon serait doulreux, avec cette température.
Il trouva Lory rapidement, sous une couche de glace à quelques mètres de lui. Il nagea, non sans difficulté, jusqu'à elle et passa son bras sous ses aisselles, passant par la même sous quelques rondeurs, mais ceci est une autre histoire, et la traina jusqu'à la... sortie.

Merde! Un mètre de dénivelé, quoi! Bon... réfléchissons calmement, réfléchissons bien! Il posa la main sur la paroi en pensant très fort à un moyen de sortir de là. Apparemment, ça fonctionnait à volonté, ce truc, alors quoi?

Et la paroi s'alluma... et une échelle se dessina dans le relief. Il pensa très fort qu'il aurait dû prendre son oreillette, mais en ce matin, il avait pensé qu'un jogging d'une heure ne changerait rien. Erreur. Celle qui avait l'oreillette, c'était Lory. Enfin, plus maintenant. Elle s'était perdue quelque part.
Et merde!

Il dut redoubler d'efforts pour remonter en portant Lory. Il était complètement gelé, avait mal partout et ses doigts ne semblaient plus vouloir lui obéir. Mais il avait à côté de lui une femme inconsciente qui avait justement besoin qu'ils fonctionnent!
Il la regarda, notant au passage qu'elle avait un corps quasi parfait, avec ses vêtements fins, trempés, qui lui collaient à la peau et dévoilaient ce qu'il aimait bien imaginer sous les uniformes de temps en temps... Enfin bref!

Il se frotta les mains, souffla dessus, et se pencha vers Lory pour vérifier qu'elle respirait encore. Et merde.
Bon, ben... comme à l'armée et au sauvetage, hein... massage cardiaque et respiration artificielle. Il lui frotta aussi les mains, les joues. Il leur aurait fallu une couverture, ou au moins de quoi communiquer. Il y avait bien un intercom dans cette pièce, non?

Ou bien ils n'avaient fait que trouver la piscine du complexe? Bien leur chance, quoi!

Quand elle commença à recracher l'eau et à respirer, il soupira de soulagement. Dans la catégorie "je tue mes nouveaux collègues par accident dès le premier jour", il avait bien failli se poser là!

- Lory? Ca va?

Il avait donc des origines écossaises...
Il s'intéressait également aux langues, tiens!
" Je ne savais pas que tu t'intéressais aux langues. J'ai quelques bases en tchèque. Il y a un tchèque dans la cité?! ça me plairait bien de le rencontrer, je pourrais me remettre au tchèque, je trouvais ça sympa! "

Quelques secondes plus tard, je sentis le sol se dérober soudainement sous mes pieds. Je poussais un cri et fis alors une chute qui me mit dans un bain glacé. J'en eu le souffle coupé. Sous la surprise, je laissais l'air de mes poumons s'échapper. Alors que je cherchais à remonter, j'inspirais involontairement de l'eau et me sentis alors partir...

Je revins à moi dans la pièce que nous étions en train d'explorer quelques instants plus tôt. J'étais sur le sol. Je crachais l'eau de mes poumons en toussant, puis je vis Tim, trempé, qui me regardait et me demandait si ça allait. J'étais frigorifiée. Je tremblais fort et n'arrivais à contrôler ces tremblements. Tim semblait avoir froid lui aussi... Mais comment étais-je sortie de l'eau?... J’attrapais une main de Tim. Elle était gelée... Il était trempé et gelé!
" T'as plongé?!... T'as plongé pour me sortir de l'eau?! "

M'asseyant sur le sol, je me vis et me rendis compte de l'état dans lequel j'étais. Pour mon short, ça passait encore, mais mon t-shirt blanc mouillé laissait apparaitre mon soutien gorge rose clair... Je croisais mes bras devant ma poitrine, parce que j'avais froid, mais aussi parce que je cherchais à me cacher un peu. Je baissais mon regard et vis du sang sur moi, mais aussi sur lui. Je cherchais d'où cela pouvait venir, et je trouvais... C'était mon bras gauche. J'avais du le claquer sur le rebord en tombant. Il n'y avait pas grand chose, mais c'était suffisant pour trois ou quatre points de suture. Mince! Je fis alors pression sur la blessure avec la main droite.

En plongeant, Tim m'avait donc sauvé la vie...
" Tu... tu m'as sauvée... Merci! " dis-je en claquant des dents.
" Tu ne t'es pas blessé au moins? " ajoutais-je.

Et là, je pensais au fait qu'on allait devoir se rendre à l'infirmerie dans cet état... Pourvu qu'on ne croise personne en route, j'en serai vraiment trop gênée!...

Sauvetage in extremis. Ils étaient gelés, et à présent, elle semblait super gênée. Ben oui... c'était presque comme être à poil devant lui tellement ses fringues ne cachaient plus rien du tout!

- Ben ouais j'ai plongé, j'allais pas te laisser crever quand même. J'avoue qu'un plongeon en été, ça aurait été plus agréable.

En plus, elle saignait. Ce n'était pas bien grave, mais il s'en rendit compte à présent qu'elle respirait et tout.
La vache elle était quand même sacrément jolie...

- Moi ça va, juste un peu froid. Bon... on va aller à l'infirmerie.

Il se leva et songea à la gêne de Lory. Ouais, se balader ainsi dans les couloirs... Vu que lui-même n'était pas indifférent aux charmes de la jeune femme, il n'imaginait pas les gens qu'ils croiseraient passer outre. Il retira son débardeur de coton, qui avait la chance d'être noir, et l'essora au maximum. Il dévoila par ce fait une musculature ni trop présente ni trop effacée. Un torse sculpté par des années d'exercice... et quelques cicatrices dessinées par des blessures de guerres et des interventions chirurgicales. Quelques fines traces blanches au niveau des côtes, une autre beaucoup plus violacée au niveau de sa hanche gauche, la balle avait traversé son corps, et heureusement était passée à côté des organes vitaux. Il n'avait fait que pisser le sang, pour ainsi dire, sans énormément de gravité... pour cette blessure là.
Une autre marque violacée au niveau de l'omoplate droite, qui avait sa jumelle sous la clavicule, un autre objet à avoir traversé son petit corps. Là, par contre, il avait bien fallu recoller les morceaux.
Et enfin, le plus impressionnant peut-être, cette ligne le long de sa colonne vertébrale à la naissance du cou... et cette cicatrice sur le côté gauche de son front.

Bilan? Omoplate droite, côtes hanche gauche fracturées. Un poumon perforé, deux vertèbres fissurées, et une balle dans le cerveau. Pronostiques? Aucune chance. Finalement quelques opérations, quelques semaines de coma, de la rééducation, et il s'en sortait bien mieux que la plupart des blessés de guerre. Il avait eu énormément de chance, car dans l'apparente gravité de ses blessures, l'emplacement avait fait qu'au final, il avait pu se remettre.
La blessure à la hanche expliquait son côté rouillé le matin. Et la blessure à la tête expliquait son côté illuminé. Autrement, il se portait comme un charme.

Passons sur ces détails intéressants certes, mais qui appartenaient à un passé quasi révolu. Tim était à présent torse nu devant Lory, et il lui tendit son débardeur, cela cacherait à peu près tout ce qu'il y avait à cacher.

- Tiens.

Elle semblait, encore une fois, très gênée. Pourtant, c'était lui qui était à moitié à poil, et il ne pensait pas un seul instant que le voir en tenue de plage la mettrait mal à l'aise...

- Allez, on va faire recoudre ça...

Il arrivait encore à faire de l'humour... à propos de son plongeon.
" T'as toujours le mot pour rire, on dirait... " dis-je en claquant des dents et en tremblant de tout mon corps.

Il dit alors qu'il n'avait qu'un peu froid. Il enleva son débardeur et l'essora. J'aurai bien fait ça aussi, mais j'allais pas me mettre en sous-vêtement... même si c'était comme si j'y étais déjà, vu la transparence du t-shirt blanc. D'ailleurs, apparemment Tim l'avait bien remarqué. Je l'avais vu dans son regard. Je me sentais très gênée, gênée d'être ainsi devant lui, et gênée de le voir torse nu. Je n'osais pas le regarder en face. Recroquevillée sur moi-même, je ne fis que l'apercevoir du coin de l’œil. Je remarquais tout de même qu'il avait le torse bien fait, avec des muscles ni trop volumineux ni trop fins. Il avait un beau torse, malgré quelques cicatrices que je pus apercevoir rapidement.

Alors, il me tendit son débardeur. Mais c'était de la pure galanterie ça! Il fallait avouer qu'avec un débardeur noir, je pourrais préserver ma pudeur du regard de ceux que l'on pourrait croiser en chemin... parce que c'était trop tard pour lui.
" C'est très... délicat de ta part... merci. "
Je tremblais tellement que j'avais mal partout. J'enfilais donc son débardeur par dessus mon t-shirt, non sans difficulté car j'avais vraiment du mal à bouger. Alors qu'il me dit qu'on allait à l'infirmerie, j'essayais de me lever, mais tout mon corps me faisait si mal que je n'y parvenais pas...
" Tim, je... J'ai... si froid... que j'ai mal partout... "
J'essayais de me frotter les jambes pour activer la circulation du sang afin d'arriver à me lever, mais mes mains étaient trop douloureuses pour être efficaces. Sans oser le demander, j'espérais avoir de l'aide pour me lever, et peut-être même pour me soutenir jusqu'à l'infirmerie...

- Hum je crois surtout que je n'ai aucun mot pour pleurer, présentement.

Après quoi, il lui abandonna son t-shirt. Il devait faire un effort pour ne pas la regarder un peu plus que de raison. Puis de toute façon, ce n'était pas le moment de profiter du paysage!
Elle eut du mal à l'enfiler, mais y parvint. Il avait légèrement détourné le regard pour ne pas l'appesantir. Il savait être gentleman de temps en temps!

Elle avait aussi du mal à se lever. Tim s'était vite remis. Il avait encore très froid, mais son esprit passait outre. Peut-être résultat de ses séquelles, allez savoir. Il y avait plus urgent que sa propre petite personne, alors il n'y pensait pas. Et puis ce n'était pas lui qui avait failli se noyer!

- Bon, tu t'accroches?

Il se pencha, passa un bras sous ses genoux et l'autre dans son dos et se releva, non sans difficultés... Le froid et sa hanche, finalement, ça ne faisait pas bon ménage pour porter une cinquantaine ou un soixantaine de kilos, au pied levé! Mais il tint bon.

- Allez, en route!

Il la serra contre lui, pour qu'elle ne lui tombe pas des bras, ce serait gênant quand même, après avoir manqué la noyer par accident!
Mais elle semblait encore gênée et elle lui dit qu'elle pouvait marcher.

- Ouais... si tu y tiens, puis c'est vrai que ça refera fonctionner ta circulation sanguine...

Il la déposa au sol... non sans un certain soupir de soulagement. Qu'il pouvait être con, parfois!

- Bon ben on peut y aller alors.

Ils quittèrent la salle, assez lentement, et tout s'éteignit derrière eux...

à ma surprise, il me prit carrément dans ses bras pour me faire quitter le sol. Gênée, je lui dis que je pouvais marcher. Il me posa donc au sol, l'air soulagé. C'était compréhensible, il devait y aller doucement après ses blessures...

Nous avancions donc dans le couloir, assez lentement, parce que j'avais quand même du mal à me mouvoir. J'avais parfois l'impression que mes jambes allaient me lâchaient, mais cette sensation s'atténuait au fur et à mesure que j'avançais.

Je restais assez crispée, les bras croisés ramenant chaque main au dessus du coude du bras opposé. J'avais hâte d'enlever mes vêtements mouillés, et de me sécher afin de me réchauffer. Heureusement que notre petite expédition ne nous avait pas mener trop loin de la flèche central de la cité, mais nous mîmes tout de même vingt bonnes minutes avant d'arriver à l'infirmerie. Arrivés devant l'infirmerie, mes jambes allaient mieux, mais je claquais encore des dents et j'étais toujours crispée par le froid.




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