[S] épisode 1.01 [10/08/04] exploration (Terminé)

Evan avançait avec Mallory. Elle était toujours aussi mécanique, toujours aussi perdue et chaque pas la poussait un peu plus au bord du gouffre dans lequel elle craquerait. Une légère odeur de brûlé lui parvint et Evan se retourna pour voir une épaisse fumée s'élever de là où se tenait le village et les arbres brûler au loin. Il fronça les sourcils. Ils étaient bien partis pour se faire rattraper. Il savait que les crevasses leur feraient gagner du temps mais pas beaucoup. Il était temps pour Evan de se mettre au travail et de faire gagner un peu de temps à la colonne de réfugier. Il se tourna vers Mallory et la prie dans ses bras. Il la serra fortement contre lui et appela un Athosien proche. En attendant que celui-ci approche il prit le visage de Mallory entre ses mains plongea son regard dans le sien et pris une grande inspiration:
"Tu vas t'en sortir! Nous allons tous rejoindre la porte! J'ai un plan pour ralentir la coulée juste derrière nous! Tu vas continuer d'avancer Mallory! Quoi qu'il arrive ne te retourne pas ne ralentie pas!"
Evan se tourna ensuite vers l'Athosien qui s'était approché:
"Accompagnez la! Dites aux autres d'aller plus vite et sous aucun prétexte ne la laissez ralentir!"
Il embrassa Mallory sur le front et rebroussa le chemin au pas de course.

Le major savait qu'il n'aurait que très peu de temps pour mettre son plan à exécution et réussir mais le jeu en valait la chandelle. S'il réussissait il serait assuré que même les blessés avanceraient assez vite pour rejoindre la porte. Il appuya sur son micro oreillette:
"Ici le major Lorne! Le plus tôt serait le mieux Sergent! Et commencez l'évacuation au plus vite! Quoiqu'il arrive ne m'attendez pas!"
Evan s'arrêta à un endroit un peu plus dégagé que le reste de la forêt. Il avait peu de temps pour agir à en juger par la chaleur cuisante qu'il ressentait. Il ouvrit prestement les poches de son gilet et en extirpa trois blocs de C-4. Un puissant explosif, dont une noisette suffisait à pulvériser une grosse souche. Dans l'immédiat Il les sépara en morceau de tailles moyennes après les avoir rapidement façonnés en boudins. Il les plaça au sol suivant un espacement de quelques mètres en y collant à chaque fois un détonateur à distance. Avec de la chance il pourrait creuser une tranchée de manière très grossière et dévier légèrement le magma. En tout cas les arbres alentours seraient mis à bas ce qui ralentirait l’incendie. La chaleur commença à devenir insoutenable et Evan se senti suffoquer. Il parti après la colonne et se mit à l'abri derrière un rocher. De là il activa sa télécommande et un boum sonore retentit. Il ne resta pas regarder le résultat et reparti en chancelant. Il avait peut être fait une erreur, une erreur qui pouvait lui couter la vie, mais au moins il aurait essayé. Combattant l'air brûlant il força ses muscles à le pousser de l'avant.

Encore un regard en arrière... Voir Lory dans cet état ne lui plaisait pas... déjà parce qu'elle était l'une des leurs, une amie, et qu'elle n'allait vraiment pas bien. Et aussi parce que, à chaque fois qu'il la voyait, il voyait sa propre impuissance. Présentement, il ne pouvait rien faire pour l'aider. Il était inquiet, et ses sentiments pour elle lui sautaient presque à la figure, même s'il les connaissait déjà.

Ce regard en arrière, toutefois, l'alerta sur autre chose. La fumée... ce n'était vraiment pas bon, pas bon du tout! Au lieu d'exploser et de leur envoyer des bombes sur la tête, le volcan crachait sa lave qui coulait, coulait... en un sens ce n'était pas forcément plus mal. Mais ils étaient en pente... et ils ne courraient pas tous à la vitesse de Usain Bolt.

Et puis... et puis il reçut un message de Lory... comme si elle avait soudainement repris conscience. Et ce qu'elle lui apprit faillit lui faire faire une crise cardiaque. Il crut sincèrement que son cœur avait raté un battement.

- Il a fait quoi?????

Mais il avait bien entendu. Il se tourna vers les Mateslan.

- Vous continuez d'avancer, vous entrainez les autres dans votre sillage, continuez de chanter si ça aide, je ne veux personne à portée de vue dans cinq minutes, clair? La lave coule vers nous, si on ne va pas assez vite, on va touts y rester, alors faites comme vous voulez mais rejoignez l'anneau des anciens le plus vite possible!

Tallen et Aerys virent la fumée eux aussi et comprirent assez vite, ils n'étaient pas idiots. Alors ils firent comme Tim le leur disait, Tallan prenant la petite Asaia dans ses bras pour qu'elle ne ralentisse personne en voulant suivre sa nouvelle peluche vivante...

Et il partit en arrière... il avait une petite idée de ce qu'Evan cherchait à faire, et ce n'était pas idiot, loin de là. Evan était un homme intelligent qui avait un bon sens pratique. Il savait utiliser ce qu'il avait sur lui. Et là, la seule chose utilise qu'ils transportaient présentement, c'était des explosifs.

Il croisa Lory. Cela lui brisa presque le coeur de la voir dans cet état. Il la regarda intensément, il n'avait pas le temps pour plus, alors qu'il courait, rebroussant chemin pour trouver Evan...

- Lory, cours! Aide les autres à franchir la porte! Je vais le ramener!

Leurs regards se croisèrent... Il sut qu'il ne pourrait jamais s'en défaire... et détourner le regard pour la laisser aller seule était très difficile. Presque impossible. Mais il y avait Evan, encore plus seul, alors que...

BOOOOOOOM!

Il avait vu juste. Il accéléra le pas, et l'air devenait de plus en plus irrespirable...

- EVAAAAN!!!

Il mit un foulard autour de sa tête. La coulée n'était pas encore là, ralentie par les arbres sur son passage et le fossé creusé, mais l'air était lourd, dense, presque brûlant. Il ne pourrait pas rester longtemps ici.
Mais le seul signe qu'il trouva le laissa pantois. Un instant en arrêt.
C'était tout Tim: on ne laissait pas un homme derrière. Cela lui avait valu une balle dans la hanche, une autre à l'épaule, et la troisième dans le crâne. Cette philosophie lui avait presque coûté la vie une fois. Mais il n'allait pas laisser tomber pour autant.

Il regarda les traces laissées... des vêtements... vides. Intacts. Il ne comprit pas sur le moment, il resta interdit. Evan n'aurait pas eu le temps de retirer ses fringues... puis pourquoi faire? D'accord, il faisait chaud, mais se foutre à poil n'était pas une solution. D'autant plus que les fringues étaient comme...

Bref, c'était comme si les vêtements s'étaient vidés de leur contenu, comme ça. Evan semblait avoir disparu. Tout ce qu'il avait porté, utilisé se trouvait là, derrière se rocher où il s'était vraisemblablement planqué... Ne restait plus qu'une solution. Evan avait tout simplement disparu...

Il faisait si chaud qu'il ne pouvait pas rester ici. Il ramassa les affaires d'Evan rapidement et les fourra dans son sac tout en courant vers le reste de la troupe. Il porta bietôt la main à son oreillette:

- Lesliiiiiiiiiiiiiiiiieeeee, dis-moi que t'es à la porte et qu'elle est ouverte!!!!! Cela devient super méga ultra urgent!

- Tim...? Je la vois, au bout du chemin...

- Long comment, le chemin?

- 500 mètres!

- OK, tu sais ce que t'as à faire, je te préviens juste comme ça, on risque d'avoir très très chaud aux fesses, fais passer tout le monde!

- Et le Major Lorne?

- Pas maintenant, je suis en train de courir...

Ils rompirent le contact et Tim courut le plus vite qu'il put, en fermant son sac, le remettant sur son dos... ce n'était pas pratique mais il n'avait pas le choix... la coulée était ralentie, mais le mur de chaleur avait quelques dizaines de mètres d'avance sur la lave...

- Oh putain... on va explorer qu'ils disent, on va explorer...

Il se mit à rire nerveusement...

Il rattrapa bientôt les derniers de la file et chopa Lory par la main. pas le temps!

Evan attendait de moi que j'avance. Tim attendait la même chose de moi. Je regardais Tim qui prenait la même direction qu'Evan. Nos regards se croisèrent. Nos regards en disaient long. Ce fut un bref instant, mais un instant intense malgré tout. Je me demandais si j'allais les revoir... tous les deux. Pour eux, je me fis violence et forçais donc le pas, entrainant les derniers du convoi.

J'entendis ensuite les communications entre Tim et Leslie. Pourquoi est-ce que je n'entendais pas Evan. Tim était essoufflé. Est-ce qu'il l'aidait à avancer? Est-ce qu'il le portait? Lorsque Leslie demanda après Evan, Tim répondit seulement "pas maintenant". Je commençais donc à me demander ce qu'il en était vraiment. Où était donc Evan?

Puis, la porte devint visible pour nous, elle était déjà ouverte. Il nous restait peut-être 500m à faire pour y arriver. Leslie avait prévenu le Docteur Weir de la situation. Cette dernière ne pouvait décemment pas refuser ces gens qui étaient condamnés sans un refuse immédiat. Pas le temps de réfléchir à la question. C'était évident de toutes façons. Les équipes médicales s'affairaient donc dans la cité pour se rendre en salle d'embarquement. Il y avait des blessés, plus ou moins grave, et une femme qui n'allait plus tarder à donner la vie. Ce n'était certainement plus qu'une question de minutes. Lorsque nous pûmes apercevoir enfin la porte, je lançais un message radio à Leslie:
" Leslie, pars devant et dis aux athosiens de te suivre! Le temps presse! "

Enfin, Tim nous rattrapa et prit ma main au passage. Tout en avançant, je regardais alors autour de nous, sans voir Evan.
" Où est Evan?! " demandais-je alors à Tim, une boule dans la gorge. C'était pourtant évident. Il n'était pas là. Tim était revenu sans Evan. La porte était peut-être à 300m encore, mais j'eus soudain l'impression que tout était en train de s'écrouler autour de moi, que le sol se dérobait sous mes pieds. Mes forces semblaient me lâcher. Je ralentissais, sans le vouloir vraiment. Je me sentais à nouveau perdue. Avant même que Tim ne puisse dire quoi que ce soit, des larmes me montaient déjà aux yeux et je fis signe "non" de la tête. Il ne restait que 300m à faire, et la coulée pyroclastique nous suivait. Ce n'était pas le moment de craquer, mais là, je lâchais prise...

Dans le feu de l'action, il ne put répondre autre chose que "j'aimerais bien le savoir." Et cette phrase sortit tout naturellement. On pouvait sentir son inquiétude dans sa voix.
Il ne lâchait pas Lory, ils devaient arriver à la porte. Il savait dans quel état elle se trouvait et c'était bien qu'elle ait pu arriver jusque là tout seule.

Mais au fur et à mesure, elle ralentissait. Il s'arrêta un instant...

- Désolé, mais...

Et hop, il la prit dans ses bras et la porta comme un sac sur l'épaule, sans faire plus de finesse, pas le temps pour ça. Elle ne parvenait plus à rien et la disparition d'Evan ajoutait à cette journée terrible.

Tous les autres étaient déjà passés dans la porte et Leslie était sans doute en train de retarder l'échéance...

Puis ils passèrent la porte. En arrivant, il manqua trébucher mais tint bon...

- LES GAAAARS!!! Fermez l'Iris, ça va barder!!!!!!

Et ils avaient eu très très chaud. Dans tous les sens du terme. D'ailleurs, tellement chaud que Tim avait l'impression de ne plus avoir une seule goutte d'eau dans son corps. Il était resté un peu trop près du mur de chaleur.

La question restait en suspens, sur toutes les lèvres. Où était Evan? Tim avait décidément un lot de mauvaises nouvelles à avancer. Lui même avait du mal à réaliser la situation. Ce n'était pas possible. Ils n'avaient pas pu perdre le major Lorne! Pas lui! (bon, pas un autre non plus, mais...)

Il reposa Lory et lui prit le visage. Pour une fois, les mots lui manquaient véritablement. Ils se regardèrent. Il se fit violence.

- Je suis certain qu'il n'est pas...

Mort... difficile à dire, ce mot là. Terrible.

- Il n'est pas mort, Lory, il est juste... je ne sais pas où, je pige rien, mais c'est la seule solution.

Et derrière lui, alors que les équipes médicales s'affairaient, Weir arriva, pour lui demander de quoi il parlait et où se trouvait Evan. Putain de debriefing en perspective!

>> retour d'une mission "chaude"