[07.08.04] Ha ouais, quand même, ça a de la gueule! (Terminé)

Trois semaines. Déjà. Et Karim passait toujours quelques minutes, en milieu ou en fin de journée dans la salle d'embarquement à regarder cette porte, cet anneau en partie enchâssé dans le sol. Cet objet étrange par lequel ils étaient tous arrivés ici. Il n'était pas très versé dans les sciences, mais il était capable de comprendre ce qu'un trou de ver signifiait. Il avait lu des ouvrages de vulgarisation comme ceux de Hawking, Penrose, Greene. C'était intéressant. Mais même ces gars là n'avaient aucune idée de ce qu'il se passait ici! Et lui, un simple diplomate, ex-employé de l'ONU, se retrouvait là.

Même après trois semaines, il se disait que quand même, c'était énorme, comme on dit parfois. Enorme. La cité l'avait intrigué, charmé, agacé, déprimé, tout à la fois. C'était tellement différent. La vue sur l'océan l'apaisait.
Et même après trois semaines, il se disait toujours "ha ouais, quand même, ça a de la gueule!" Et il contemplait cette porte, se demandant s'il avait eu raison, se demandant si ça allait changer la face du monde, si ça allait rendre justice à qui que ce soit, se demandant s'ils allaient ouvrir cette porte pour retourner sur terre, se demandant aussi s'ils allaient trouver une planète où chercher des ressources.

Il avait officiellement fini sa journée. Quelque part, un fonctionnaire restait un fonctionnaire. Les mains dans les poches, il faisait face à l'immensité de l'Univers. Pourtant, cette porte était fermée, et derrière elle se trouvait une cloison, le mur, la paroi de la cité. L'univers se trouvait en haut, au-delà des nuages. Mais ce n'était que le ciel. Là, derrière cette porte, quand elle était ouverte, c'était tout ce dont on rêvait quand on était petit, quand on regardait Albator ou Star wars. Des voyages interstellaires. Lui aussi avait vu des programmes de sciences fictions dans sa jeunesse. Si les auteurs se doutaient...

Derrière lui, ça travaillait encore, ça pianotait sur les ordinateurs, ça branchait des moniteurs, des consoles, ça cherchait à comprendre comment la cité fonctionnait, ça cherchait la compatibilité... et tout ce que ça avait dans le ventre.
Il savait que la première vraie mission était dans trois jours. Il resterait ici... mais il avait quand même envie d'aller voir. Puis c'était un peu pour ça qu'il était là, pas seulement pour jouer les médiateurs en les Japonais, les Tchèques et les Canadiens... mais aussi pour jouer la carte de la diplomatie et de la médiation interculturelle entre terriens et aliens... et c'était ça aussi qui était excitant. Aller à la rencontre de l'autre et de la nouveauté.

Il regarda sa montre avant de remettre la main dans sa poche. Il portait l'uniforme noir et bordeaux des civils et administrateurs. Bon, et s'il allait dîner?
Quelqu'un avait dû entendre ses pensées, car une main se posa sur son épaule.

"Hé, elle va pas s'ouvrir par télékinésie! Allez, viens..."

Peut-être qu'on le pensait nostalgique... Il pensait aussi, seulement, enfin pas seulement mais ça prenait beaucoup de place, à son frère... Il se retourna vers son interlocuteur...




(et là, l'interlocuteur peut-être n'importe qui... peut-être toi, là, qui lis ces lignes XD)

Evan se tenait derrière Karim. Il travaillait tard lui aussi et l'avait aperçu depuis le bas en allant vers les mess.
Cela avait sourire Evan et il comprenait quelque part la fascination du diplomate.
Grimpant à petite foulée les marches il le sortit de ses rêvries:

"Hé, elle va pas s'ouvrir par télékinésie! Allez, viens..."

Evan attendit que Karim se retourne:

"Heum j'allais aux mess! Il est tard et si ça vous dit de venir?"

Evan arborait un sourire déconcertant d'honnêteté.

"Vous en faites pas, la porte ne vas pas s'enfuir!"

Lorne ne portait qu'un simple uniforme des soldats d'Atlantis et une petite pile de dossiers sous le bras.

Karim sourit au Major Lorne. A force de vivre en occident, dans des chancelleries puis au sein de l'ONU, il avait assez voyagé et vu pour avoir l'esprit très ouvert. Somme toutes, il était né et avait grandi en proche banlieue parisienne. La Tunisie, c'était ses parents, c'était la famille restée là-bas qu'il n'avait vu que pendant certaines vacances quand il y avait eu assez d'argent pour passer un mois là-bas. C'était aussi sa langue maternelle qu'il avait conservée, transmise par ses parents et des voisins. Il était parfois partagé entre l'orient et l'occident. Mais, finalement... pas trop. Il avait choisi sa voie.

Et cela l'avait mené ici, au milieu de personnes diverses dans un coin éloigné de l'univers. Il avait rencontré Evan pour la première fois peu de temps après son arrivée au SGC. Il avait tenu à rencontrer et à parler à toute l'équipe qui partirait sur Atlantis. Il voulait les connaitre avant, dans un climat plus ou moins familier, plutôt que de les connaître après, dans un milieu totalement étranger. Il trouvait ça mieux pour créer des liens, et prendre en compte l'effet d'isolement et d'éloignement sur une planète lointaine sur le comportement et les paroles des gens.

C'était ainsi qu'il avait connu Evan, quelques rencontres de ci de là, avant d'embarquer pour ici. Il avait fait la connaissance d'un homme ouvert, sérieux, fiable, humble. ce dernier l'invitait à venir au mess. Ce qui n'était pas une mauvaise idée!

Certes, la porte n'allait pas disparaitre... mais ça laissait songeur.

- En effet... Vous croyez qu'on aura droit à du poisson ce coup-ci?

Pas qu'il n'aimait pas la viande (il était assez ouvert et à vrai dire s'était même assez éloigné de la religion pour manger exactement la même chose que le reste du monde) mais un peu de variation parfois... ce n'était pas de refus!
Il avisa les dossiers sous le bras de Lorne. Il savait que la première grande explo était pour bientôt, les ordres avaient été donnés pour que les chefs constituent leurs équipes. Peut-être que Lorne s'arrachait les cheveux avec tout le choix qu'il avait...

- Je vous que vous êtes dans une phase pas forcément intéressante...

Même lui, fonctionnaire, diplomate, n'aimait pas tellement la paperasse...

Evan haussa les épaules à la question de Karim, en réalité peu lui importait, il n'allait de picorer:

"Je l'ignore! A cette heure-ci il ne doit plus rester grand chose! Mais c'est juste histoire de changer d'air!"

Lorne avait par la suite instinctivement posé la main sur ses dossiers à la seconde question de Karim.
Evan ne se souvenait pas très bien de l'homme. Il savait l'homme bien plus cultivé qu'il ne le serait jamais et il avait l'air partagé également. Evan n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait partager un homme comme Benaziz.
Le major hésita, il portait des rapports sur l'épuisement des ressources. Il ne savait pas s'il pouvait en faire par à cet homme ou non. Il décida d'éluder la question d'un geste de la main:

"Ce sont des affaires qui vont motiver la première exploration!"

Le major se mis en marche entraînant son comparse avec lui.

"La porte vous intéresse? Vous avez postulé pour rejoindre d'une équipe d'exploration?...enfin je veux dire, pas qu'Atlantis en soit déjà une en soit mais...vous voyez ce que je veux dire?"

Lorne s'embourba dans sa question et ne pu s'empêcher d'arborer un sourire gêné.

A cette heure-ci... Karim regarda sa montre pour la deuxième fois en moins de cinq minutes... en effet, il était assez tard, et l'heure générale ou le gros de la base allait dîner était passée... enfin, de toute manière, avec les différentes équipes qui faisaient plus ou moins les 3-8, il y avait toujours quelque chose... Même si ce n'était "plus grand-chose." Evan donna comme motif principal le changement d'air... quoi qu'à bien y réfléchir l'air était un peu partout le même, ici. Sans doute histoire de se changer un peu les idées.

- Vous avez raison.

Ils ne pouvaient pas tous tourner comme des lions en cage et e pas ressentir l'envie de rompre un peu cette monotonie! Karim ayant remarqué les dossiers (il aurait fallu être aveugle pour ne pas les voir!) il avait demandé, pour faire un peu la conversation, s'il était dans la paperasse. Visiblement, il l'était. Le sujet, en revanche, était hypothétique. Mais il n'y avait pas énormément de possibilités. Et la réponse de Lorne ne fit que confirmer les soupçons... soupçons que tout le monde avait. En fait, ce n'étaient même plus des soupçons, c'étaient des certitudes. Il fallait être idiot pour ne pas savoir que les vivres n'étaient pas en stock illimité. Ils allaient bientôt sérieusement manquer de vivres et de matières premières. C'était un fait.

- Je vois.

Karim emboita le pas de Lorne. Il décolla donc sa petite personne de la magnifique vue sur l'anneau. Le major continua à faire la conversation.

- J'ai hésité, en fait. Je me suis ensuite demandé si c'était judicieux que je sois affecté à un groupe précis alors que mon poste est plutôt flottant, pour ainsi dire. Je suis le genre de personne qu'on embarque quand on en a besoin et j'ai assez à faire d'un point de vue administratif. Cependant, cela m'aurait sans doute plu, mais j'aurais des occasions d'aller voir un peu sur ces différentes planètes comment ça se passe. Diplomate c'est aussi un métier de terrain, même si on passe des heures, des journées, des semaines à étudier des rapports et à préparer l'aspect relationnel de tout ce qu'il se passe ici et tout ce qu'il ne s'est pas encore passé.

Il s'arrêta là pour la réponse, jugeant qu'elle était assez complète, et pensant que Lorne ne voulait peut-être pas entendre une thèse de 400 pages sur les relations internationales...

Evan haussa les épaules:

"Vous aurez probablement l'occasion d'aller sur le terrain oui! Après tout après les explorations il faudra bien bâtir des relations plus fortes avec les peuples que nous rencontrerons!"

Jetant un rapide coup d'oeil à ses dossiers, il vint une question à l'esprit d'Evan:

"Vous aviez déjà traversé la porte? Je veux dire avant de venir sur Atlantis? Depuis combien de temps vous travaillez au programme porte des étoiles?"

Evan se rendit soudain compte que certains membre de l'expédition ne travaillaient pas au programme porte des étoiles depuis longtemps. Il se demanda l'espace d'un instant ce que devait ressentir de telles personnes. Evan se demanda combien de temps l'expédition tiendrait si les gens commençaient à ressentir de la solitude. Il balaya cette idée d'un mouvement de tête alors qu'ils approchaient des mess.

En effet, il aurait l'occasion d'aller sur le terrain. Cela avait été un choc d'apprendre que la voie lactée était peuplée sur un bon nombre de planètes dont il n'avait jamais entendu parler... alors voyager dans une autre galaxie... c'était quelque chose! Mais il y avait tant de civilisations à découvrir... cela demanderait beaucoup de travail!

Il lui sourit poliment, acquiesçant à cette affirmation, alors qu'ils marchaient tranquillement vers le mess. Puis Evan eut une autre question. A l'instar de nombreux employés ici, venir à Atlantis avait été sa toute première traversée de porte.

- Jamais. Je l'avais vu en fonctionnement pendant mon temps d'introduction au programme avant l'embarquement proprement dit, mais je ne l'avais jamais traversée. J'ai intégré le programme quelques semaines avant de venir ici. J'ai tenu à en apprendre le plus possible et à rencontrer tout le monde avant de partir, pour que je puisse faire le meilleur boulot possible.

Dans la catégorie bosseur, besogneux, bûcheur... il se posait là. Il avait très tôt compris qu'il fallait travailler dur pour d'une part s'en sortir, d'autre part, avec une situation convenable. Il avait réussi les deux au-delà ses espérances, mais ne se reposait pas sur ses lauriers. pas son genre.

Ils arrivèrent bientôt au mess, à force de discuter...

- On vous a proposé d'être affecté ici où vous avez dû postuler?



[HJ: je devrais peut-être déplacer et mettre ça dans les couloirs, je sais pas...]