Fanfic dans une autre réalité alternative: "un monde sans Sylvion"

Elle essayait de me mettre à l'aise, ce qui était vraiment gentil, mais pas étonnant venant d'elle. Elle n'était pas du genre à faire fuir les gens. Et comme elle m'attirait comme un aimant, de toute manière, elle aurait eu du mal à obtenir cet effet. Passons.

Ce n'était pas évident, même si elle faisait tout son possible pour que je parle sans avoir peur. Mais comment réagirait-elle à cette question? Est-ce qu'elle était tout aussi préoccupée que moi? Est-ce qu'elle non plus n'osait pas en parler? Mais je finis tout de même par me lancer.

- Hé bien... hum... disons que heu... ta fatigue, tout ça, me rappelle quand... enfin... heu... au début quand tu étais... enceinte d'Isabelle... et donc je me demandais... si... heu... l'accident de l'autre soir n'était pas responsable...

Bon sang, que c'était difficile de demander ça.. alors que bon, ça ne mangeait pas de pain! Et je n'osais plus la regarder. C'était une question tout à fait légitime, en plus!

C'était presque comme recevoir la foudre sur la tête. Je ne m'étais pas attendu à ça. Pensait-elle que je me sentais mis à l'écart, ou qu'elle me cachait des choses? Ce n'était pas comme ça que j'avais envisager la questions. Ce n'était pas du tout ça...

- Non... voyons... c'est juste très récent, et je me disais que si c'était le cas, tu aurais peut-être eu du mal à le dire, c'est pas évident...

Un petit moment silencieux, puis elle m'expliqua comment son système fonctionnait. J'en fus surpris, bien évidemment. C'était un fonctionnement très différent. Alors, elle aussi s'était inquiété après la fuite... mais peut-être qu'elle aurait pu me dire que ce n'était pas ça... Parce que, période bizarre ou non, un craquage pouvait mener à ça...

- Je comprends... mais j'ai eu un enfant, j'ai suivi ma femme jour après jour... et je t'ai suivie, jour après jour... alors, même en ignorant ton cycle ou comment tu fonctionnes, il était normal que je fasse le rapprochement et que je m'en soucie.

Enfin, elle n'était donc pas enceinte, affaire classée. N'empêche que ça rendait l'atmosphère un peu plus lourde qu'auparavant.

Pour dire vrai, le 17 décembre, je n'y pensais pas tellement. Mais ma famille était là pour me le rappeler, aussi, par le biais de la base (ils avaient l'adresse du SGC mais ne savaient pas tellement ce que c'était ni ce qu'on n'y faisait, après tout, il y avait le très connu et officiel NORAD au-dessus), j'avais reçu une carte, ce qui me fit sourire. ET puis, je pensais bêtement que j'allais dîner avec Lory et Isa pour marquer le coup, faire un petit repas somme toute ordinaire, avec peut-être une tarte au citron pour terminer...

Je pensais aussi qu'on ne resterait pas longtemps, Isa commençait à piquer du nez. Et puis... et puis arrivés au mess, nous fûmes surpris par nos collègues et amis. J'en sursautai, d'ailleurs! Je n'avais vraiment pas prévu une soirée de ce genre!

- Haaa!

Puis j'explosai de rire. Ils étaient vraiment sympa. Je me tournai vers Lory qui faisait sa petite innocente mais je savais bien qu'elle était derrière tout ça, il n'y avait qu'elle pour penser à organiser un truc pareil! Je lui souris... j'avais envie, là, de caresser sa joue, de l'embrasser... encore un de ces élans amoureux qui finirait noyé dans l’œuf, parce que je ne ferais rien, parce que ce n'était pas le moment, parce que ce n'était pas ce qu'elle attendait, du moins pas maintenant.

Je m'avançai dans le mess et allai remercier les invités. Je regardai Leslie, qui avait un petit air entendu... Ce ne serait pas étonnant s'il avait aidé Lory à organiser la fête. Je lui fis un petit signe de tête. Nous nous entendions très bien, je me sentais très proche de lui, même si nous ne parlions finalement pas autant que nous aurions pu...

La soirée se passait bien et je prenais du plaisir à être entouré de tout ce monde. J'étais ému, aussi. Il y avait quelquees cadeaux, et c'était vraiment une surprise! J'en avais ouvert quelques uns au hasars, lisant les petits mots après. J'avais trouvé celui de Lory. Je parlais avec Leslie quand Lory vint nous voir pour nous dire qu'elle ne pouvait pas rester. Je comprenais tout à fait. Il fallair coucher la petite. Je souris, j'étais heureux et ça se voyait certainement.

-J'aime beaucoup! Il va me falloir trouver des choses à y mettre. Merci!

J'hésitai un instant avant de me lancer. Je me demandais si ce ne serait pas mal vu de quitter la fête, même pour cinq minutes. Mais puisque ce n'était que pour un petit moment, ce ne serair probablement pas un problème.

-Tu veux que je te raccompagne? Je reviens ici une fois Isabelle dans son lit...

Oui, même pour cinq minutes, elle avait raison. Et puis elle pouvait rentrer toute seule, elle était une grande fille, comme on dit. Je lui souris puis... et puis elle posa une main sur ma joue, et m'embrassa sur l'autre. Et mon coeur se mit à battre, j'eus l'impression qu'il était partant pour courir un marathon. Puis son regard pétillait. Elle semblait vraiment aller bien.

Et j'étais, encore une fois, complètement sous le charme, impossible de penser à autre chose. Je levai la main pour lui faire un petit geste d'au revoir alors qu'elle s'éloignait avec la poussette.

- Merci.

Et je restai là comme un idiot, à la regarder, alors qu'elle avait disparu dans le couloir. Je ne regardais qu'une image mentale, un souvenir d'une personne encore présente devant moi. Bref, j'étais en plein rêve. Et ce fut Leslie qui vint me tirer de mes rêveries. Il semblait être au courant. En même temps, à cet instant, tout le monde pouvait voir que j'étais totalement amoureux d'elle, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.

Puis je retournai à la fête, et je passai une vraie bonne soirée. Ce fut que quelques heures plus tard qu'on finit par quitter le mess, petit à petit. C'est qu'on n'avait pas vraiment le loisir de faire la fête jusqu'à pas d'heure: on travaillait le lendemain! Je rentrai à mon tour, chargé de mes cadeaux dans un sac, le cœur léger... Je pensai que Lory dormait depuis longtemps, et à cette heure, je n'allais pas frapper chez elle. Pour lui dire quoi, d'ailleurs? Non, je rentrai chez moi, posai le sac sur la table...

Je travaillais beaucoup pour finir ce que je devais faire avant d'aller retrouver ma famille sur Terre. Puis, la veille du départ, je retrouvai Lory, un peu à l'improviste: elle venait me chercher, me demandant avec humour de prendre un thé avec elle!

- Oh en effet, il est en veille! Et ce serait avec plaisir!

Elle était un peu fatiguée d'avoir tant travaillé ces jours passés - que trois depuis mon anniversaire - mais il fallait bien ça pour ne pas partir en étant en retard sur nos programmes.
Je lui souris, bien évidemment. Je ne pouvais faire autrement. J'avais véritablement tourné la page, et je ne pensais plus vraiment à ce que j'avais perdu. Je pensais à ce que je gagnais, désormais. Enfin, je pensais toujours à Amy et Callum, bien entendu, mais ça ne me faisait plus souffrir. J'avais accepté, je les avais laissé partir pour de bon. Ils restaient dans mes souvenirs.

Je suivis Lory chez elle.

- Alors, tout est prêt pour demain?

L'attache-tétine... il me semblait l'avoir vue chez moi, mais je n'en étais pas certain. Isabelle passait tellement de temps avec moi par moments que je ne savais plus trop ce qui y restait et ce qui repartait chez Lory.

- Elle est peut-être chez moi, j'irai voir tout à l'heure. Moi, c'est bon, c'est bouclé.

Elle me parla de ses plans pour Noël. Il était vrai que se ramener un an après dans la maison de feu son mari, ce n'était pas facile. Bon, elle devait bien garder contact avec eux, les voir de temps en temps, et leur amener Isabelle, qu'elle fasse connaissance avec ses grands-parents... mais ce n'était pas une partie de plaisir, au long terme, et je le savais très bien.

- T'en fais pas, c'est normal de penser ainsi. Quand je retourne dans le Montana, je vois toujours les Spencer, et c'est toujours un peu délicat, mais ils s'en remettent... lentement certes, mais quand même. Et ils ont accepté de me voir faire ma vie, ils m'encouragent à tourner la page. Pour les Lorne, c'est plus récent, mais je pense que ça devrait aller. Seul le temps et la patience soignent ce genre de blessure. Et si tu ne tiens pas le coup, tu peux prendre un avion et venir à Billings, je pense pas que ma famille soit contre.

Je pouvais bien l'aider à passer des vacances un peu moins pesantes. Et puis l'hiver dans le Montana, c'était plutôt sympa. Bien enneigé.

Et ma mère m'appela.

- Isaac! Lory est là! Tu ne peux pas faire attention à ton téléphone?

Alors je quittai le salon, où je discutais tranquillement avec mon père... Lory ici? Je ne m'y attendais pas, elle ne m'avait pas appelé, alors je pensais qu'elle tenait le coup et ne voulait pas quitter les Lorne. Ben je m'étais planté. J'arrivai dans l'entrée... et je voulus immédiatement prendre Lory dans mes bras. Mais Ella était déjà en train de l'aider à la débarrasser.

Je lui pris son manteau pour l'accrocher à la patère.

- Ha ben ça, je ne m'y attendais pas!

J'étais content de la voir. Je sortis mon téléphone de ma poche... et ne vit aucun appel... sur les quatre derniers jours. Mais en voulant vérifier en appelant Lory, je remarquai que ça bloquait.

- Ha ben c'est pratique ça, il bugue!

Je posai le téléphone sur le meuble dans l'entrée et invitai Lory à venir nous rejoindre dans le salon. On ne tarderait plus à passer à table. Je voulais lui prendre la main, mais je me retins de le faire. Je ne savais pas si elle voulait que je le fasse, après tout, on avait pas tellement avancé dans cette direction, même si j'avais le souvenir de sa main, délicatement posée sur ma joue, le soir de mon anniversaire.

Isabelle commençait à partir à l'aventure. C'était vraiment touchant. Je la regardai gambader à quatre pattes... ma mère aussi la regardait avec, je le soupçonnais, une petite larme à l’œil, émue. D'ailleurs ma mère nous laissa peu après pour retrouver la cuisine. Mon père était probablement en train de lire le journal. Nous discutions des dernières news de la Terre. A être sur Atlantis, j'étais un peu déconnecté de ce qu'il se passait ici bas! Mais en lisant les journaux, je rattrapais mon retard.

Lory s'excusa d'être venue à l'improviste, mais ma mère répondit, depuis derrière la porte, que ce n'était pas un problème, vu que je leur avais dit qu'elle risquait de venir à un moment ou à un autre, je ne savais pas quand. Ils étaient même contents de la revoir... ainsi que ma filleule.

Je me baissai et pris Isabelle dans mes bras.

- Hé ben, tu vas bientôt faire le tour du monde, toi!

Je me demandai pourquoi mon père n'avait rien dit, après tout, il nous avait entendu. Mais juste quand je me posais la question, il arriva et vint saluer Lory, avant de retrouver son fauteuil en se traînant un peu. Il avait chopé un sacré mal de dos. Puis je fus de nouveau seul avec Lory et Isabelle. Je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer ses rougeurs - il faisait assez froid, dehors! - son expression, son regard.

- Tu m'as manqué...

Etaient-ce des signaux? Peut-être. Je ne savais pas tellement comment réagir, alors je restai moi-même et fis comme si ce n'était pas différent des autres moments passés ensemble. Néanmoins, quand nous nous retrouvâmes seuls, juste après avoir couché Isa, Lory me retint et posa la tête sur mon épaule en me demandant de la serrer contre moi. Elle n'avait pas vraiment besoin de me le demander. J'étais ravi de le faire. Deux fois ravi, même.

Je l'enlaçai doucement et la serrai contre moi. J'aimais ces instants là. On n'avait pas besoin de parler. C'était tendre, réconfortant, chaleureux. Je ne sais pas combien de temps je la gardai dans mes bras, probablement quelques minutes. Peut-être un bon quart d'heure. Nous n'avions pas grand-chose à faire, nous étions libérés de nos obligations - entendez par là tenir compagnie à mes parents.

Passé encore quelques minutes, je me risquai à faire un geste vers elle. Elle me semblait un peu plus disposée à répondre à ce genre d'intentions, même si je ne voulais pas non plus passer pour un mec qui insiste... enfin... bref.
Je remontai la main gauche et la posai sur sa joue droite. Je caressai sa peau d'un lent geste du pouce. Je plongeai mon regard dans le sien... J'avais besoin d'elle... tellement besoin d'elle. Je collai mon front contre le sien... et j'attendis.

- Je suis heureux que tu sois venue.

Elle semblait prête à ce moment. Ne serait-ce que pour recevoir un baiser. Pour la suite, je ne pouvais le dire, et nous n'étions pas pressés, et il ne fallait pas considérer la folle nuit du mois dernier comme une règle générale dans notre relation. Loin de là. C'était une parenthèse, un moment à part dans des circonstances particulières.

Elle s'approchait de moi. Et m'attendit. Elle voulait que je vienne, c'était clair à présent. Alors je franchis les derniers millimètres qui séparaient nos lèvres... Je lui donnai un baiser tendre, doux, sans insistance. La dernière fois, elle s'était jetée sur moi et j'avais répondu en me laissant faire. Cette fois, c'était différent. Parce que ce n'était pas un besoin étrange, mais seulement nos sentiments qui s'exprimaient. Je la serrai de nouveau contre moi, mais pas trop. Je goûtai à ses lèvres comme si c'était la première fois. Et d'un certain point de vue, ça l'était.

Je prenais mon temps pour apprécier ce moment, et donner à Lory toute la tendresse et l'émotion dont j'étais capable. C'était un instant privilégié, à l'écart du monde, même si Isabelle dormait à quelques pas de là. C'était agréable. Mon cœur battait si fort. La preuve qu'on pouvait vivre après toutes ces tragédies.

Mais je n'osais pas lui dire que je l'aimais. Elle le savait, je lui avait déjà dit, d'une manière ou d'une autre. Mais là, c'était frais, nouveau, un tournant, et je n'osais rien dire. Je profitais seulement de sa présence, de sa douceur...

Mes parents... bah, ils faisaient ce qu'ils faisaient, et on n'avait pas besoin d'être toujours avec eux, et s'ils se demandaient ce qu'on faisaient, ben... qu'ils se posent la question, je m'en moquais éperdument à cet instant! Nous étions dans un moment qui n'appartenait qu'à nous, et le reste du monde pouvait bien rester là où il se trouvait: loin de nous! Même si c'était de l'autre côté de la porte!

Mais Lory se détacha de moi... j'affichais un petit sourire de béatitude à n'en pas douter.

- Tu veux te promener un peu en ville?

On pouvait profiter de Billings, de l'ambiance des fêtes, et de profiter de la foule anonyme pour passer un moment agréable en ville.
Puis j'ouvris la porte et tombai presque nez à nez avec ma mère... Je ne sus pas quelle expression j'avais à ce moment là, mais ma mère avait un drôle de regard, comme si elles soupçonnait quelques chose... Peut-être aussi parce que je n'avais du lui mentir ni lui cacher quoi que ce soit. Elle me sourit et quitta le couloir sans rien dire. Je me retrouvai un peu comme un idiot, à me demander ce qu'elle pouvait avoir vu ou compris. Avait-elle perçu mon air général de bonheur retrouvé?

Je me tournai vers Lory.

- T'en penses quoi?

En penser quoi.. de quoi? Je n'avais rien dit d'autre!